La terre doit être destinée à l’alimentation, non au profit – Appel de FIAN et de la société civile à la mobilisation
17 avril 2013, Heidelberg. A l'occasion de la Journée mondiale des luttes paysannes, FIAN International, en collaboration avec les mouvements sociaux et d'autres organisations de la société civile, appelle à la mobilisation afin de se réapproprier notre système alimentaire de plus en plus dominé par les marchés mondiaux des capitaux, du fait des accaparements de terres.
Chaque jour, au nom de la cupidité des entreprises, des communautés du monde entier perdent l’accès à leurs terres et sont confrontées à l’insécurité alimentaire et physique et à la précarité. Le Transnational Institute (TNI) en collaboration avec la Coordination Européenne de la Via Campesina (ECVC) et l’Alliance « Hands-off the Land » (HotL), dont FIAN International fait partie, ont publié aujourd’hui un rapport intitulé « La concentration foncière, l’accaparement de terres et les luttes populaires en Europe », qui révèle la vérité cachée sur la concentration foncière en Europe : la moitié des terres agricoles européennes est contrôlée par seulement 3% des propriétaires fonciers.
Cette concentration massive de la propriété foncière et des richesses démontre que les questions d’accaparement de terres et d’accès à la terre sont aussi cruciales en Europe qu’elles le sont dans les pays du Sud. Le rapport mentionne des politiques publiques, telles que les subsides octroyés aux grandes exploitations dans le cadre de la Politique Agricole Commune (PAC), comme étant un facteur contribuant à la crise.
Alors que les pratiques d’accaparement de terres et de concentration foncière ne sont pas nouvelles en Europe, elles se sont accélérés ces dernières décennies, en particulier en Europe de l’Est. De nombreuses transactions foncières impliquent des entreprises européennes, ainsi que des investisseurs originaires de la Chine et du Moyen-Orient, cherchant à tirer profit de la pratique de plus en plus spéculative d’achat et de vente de terres, aussi appelée « marchandisation » de la terre.
« Ces dernières années ont émergé de nombreuses preuves flagrantes des impacts négatifs des transactions foncières à grande échelle sur les communautés locales, l’environnement et les violations de droits humains qui y sont liées. En conséquence, plusieurs gouvernements et institutions internationales ont exprimé leur inquiétude vis-à-vis de ces transactions, soulignant l’importance de la régulation. Toutefois, l’accaparement de terres et des ressources se poursuit sans relâche », déclare Philip Seufert, coordinateur du programme sur l’accès aux ressources naturelles chez FIAN.
En soutien aux luttes pour le droit à la terre dans le monde entier, FIAN, ECVC et l’Alliance HotL demandent une nouvelle fois que la terre soit vue comme un bien public. La priorité devrait être donnée à l’usage de la terre pour la petite agriculture paysanne et pour la production alimentaire, plutôt qu’à des intérêts commerciaux ou privés.
FIAN en appelle au public pour dénoncer les pratiques qui contribuent et encouragent l’accaparement de terres et demande aux gouvernements de promouvoir des politiques qui garantissent l’accès aux ressources pour les petits producteurs, telles que la mise en œuvre des Directives volontaires sur la gouvernance foncière du Comité de la sécurité alimentaire mondiale, garantissant ainsi la souveraineté alimentaire et le droit à une alimentation adéquate.