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Vers une planète sans pesticides

Un mouvement se développe actuellement à l'échelle mondiale pour mettre fin à l'utilisation croissante de pesticides nocifs dans l'agriculture et pour passer à des méthodes agricoles plus durables qui protègent les personnes et l'environnement, ce dont traiteront cette semaine trois rapports clés des Nations Unies présentés à Genève et à New York sur les substances toxiques, le droit à un environnement sain et les systèmes alimentaires à la veille du Sommet des Nations Unies sur les systèmes alimentaires.

FIAN International a contribué ce mouvement vers le changement avec une étude des expériences locales à travers le monde. Transitioning to pesticide free food systems: people´s power and imagination ("Transition vers des systèmes alimentaires sans pesticides : le pouvoir et l'imagination des populations") adopte une approche des droits humains fondée sur les réalités locales et démontre qu'une transition vers l'agroécologie est en cours dans de nombreuses régions du monde. L'étude présente également des mesures concrètes à l'attention d'autres communautés et des décideur?euse?s politiques dans un document intitulé “key elements” ("éléments clés") qui vise à soutenir les actions de plaidoyer en faveur d'environnements sans pesticides.

Les pesticides sont responsables d'environ 200 000 décès par empoisonnement aigu chaque année. Une exposition à long terme peut entraîner des problèmes de santé chroniques, notamment des cancers, des malformations congénitales et des troubles de la reproduction, ainsi que des dommages neurologiques. Le ruissellement des pesticides pollue fréquemment les écosystèmes environnants et aggrave la perte de biodiversité - notamment celle des sols, ce qui peut entraîner une forte baisse de rendement des cultures et ainsi compromettre la sécurité alimentaire.

Or, malgré les dommages causés, l'utilisation des pesticides a explosé au cours des dernières décennies pour atteindre, selon les estimations, 3,5 millions de tonnes en 2020. Six très grandes entreprises - Monsanto, DuPont, Dow, Syngenta, Bayer et BASF - contrôlent 75 % du marché mondial des pesticides.

Les syndicats de travailleurs agricoles, dont l'Union internationale des travailleurs de l'alimentation, de l'agriculture, de l'hôtellerie-restauration, du tabac et des branches connexes (UITA), et les mouvements paysans, tels que La Via Campesina, protestent depuis des années contre l'utilisation intensive des pesticides et leurs effets négatifs sur la santé et le droit à l'alimentation et à la nutrition.

Les pesticides jouent un rôle central dans le système mondial de production alimentaire, contribuant à accroître les inégalités, réduire la diversité alimentaire, mettre à mal la souveraineté des peuples sur leurs territoires et détruire l'environnement. Leur utilisation croissante met en évidence le non-respect par les États de leurs obligations en matière de droits humains et particulièrement le droit à une alimentation et à une nutrition adéquates et les droits connexes. Les pesticides font également partie intégrante du modèle agroalimentaire actuel, axé sur les exportations et dirigé par les entreprises, qui repose sur une monoculture non durable.

En 2017, les Rapporteurs spéciaux de l'ONU tant sur le droit à l'alimentation que sur les substances toxiques appelaient déjà à mettre fin à ce modèle en déclarant :

"Si les initiatives visant à interdire et à réglementer de manière appropriée l’utilisation des pesticides constituent une étape nécessaire dans la bonne direction, le moyen le plus efficace à long terme de réduire l’exposition à ces produits chimiques toxiques est de renoncer progressivement à l’agriculture industrielle".