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UNFSS: Pas notre sommet

Le monde se prépare à défier les systèmes alimentaires agro-industriels

À travers le monde, les gens intensifieront en juillet leurs protestations contre le Sommet des Nations Unies sur les systèmes alimentaires (UNFSS) et exposeront sa contradiction fondamentale entre son objectif de mettre fin à la faim et à la malnutrition et à guérir la planète, et son contrôle par les entreprises à l’origine même de ces problèmes.  

l’UNFSS, très critiqué, aura lieu en septembre 2021, et est préparé par un pré-sommet qui se tiendra à Rome du 26 au 28 juillet. Des milliers de paysan-ne-s et de petits product-rices-eurs, d’organisations de femmes et de jeunes, de peuples autochtones, d’éleveu-se-rs, de paysan-ne-s sans terre, de pêcheu-ses-rs, de travailleu-ses-rs du secteur de l’alimentation et de l’agriculture, de consommateurs, de personnes des milieux urbains vivant dans l’insécurité alimentaire, ainsi que des universitaires, des scientifiques et des représentants la société civile dans son ensemble se réuniront également physiquement et virtuellement dans la capitale italienne et à travers le monde  à partir de la veille du pré-sommet et jusqu'à ce que sa fin.

Les manifestant-e-s de plus de 300 organisations représentant plus de 380 millions de membres affiliés d’organisations et de mouvements de justice sociale du monde entier font partis de la réponse autonome des peuples au Sommet des Nations Unies sur les systèmes alimentaires.

Ces organisations ont appelé à une réorientation drastique de l'UNFSS en mars 2020 après que le secrétaire général de l'ONU, António Guterres, ait nommé parmi les partenaires et acteurs clés du sommet l’ancienne ministre rwandaise de l’agriculture Agnes Kalibata, présidente de l’Alliance pour une révolution verte en Afrique – une organisation internationale à but non lucratif fondée par les fondations Melinda et Bill Gates et Rockefeller en 2006 – ainsi que Forum économique mondial (WEF), représentant environ 1 000 entreprises multinationales et transnationales et leaders de l'industrie.

L'UNFSS a été critiquée sur différents fronts, par exemple par des universitaires et des scientifiques, et trois rapporteurs spéciaux actuels et anciens des Nations Unies sur le droit à l’alimentation.

Tandis que les organisateurs de l'UNFSS réitèrent que la conférence est inclusive en la qualifiant de « sommet pour tous, partout », Sofia Monsalve, secrétaire générale de FIAN International, organisation membre de la réponse autonome des peuples au sommet, explique qu’en excluant les voix des personnes les plus touchées par la faim et les destructions environnementales causées en grande partie par les systèmes alimentaires industriels, l’UNFSS achève le contraire.

« Pourquoi alors les propositions d’élimination progressive des pesticides, de redistribution de la propriété foncière ou de responsabilisation des entreprises pour leurs violations de l’environnement et du droit du travail ne sont-elles pas sur la table ? Ce n’est pas logique d’appeler un dialogue ouvert et inclusif si certaines perspectives sont exclues et que l’ordre du jour a été fixé dès le départ par des acteurs représentant les intérêts des entreprises », a-t-elle déclaré.

« De toute évidence, l’UNFSS a mis à l'écart les organisations démocratiques et fondées sur les droits humains et a fait des représentants des entreprises parmi les principaux résolveurs des problèmes liés à l’alimentation que ces entreprises elles-mêmes ont ironiquement créé et perpétué », a ajouté Monsalve.

Quatre raisons pourquoi le UNFSS est « problématique »

Dans son dossier intitulé Le Sommet des Nations Unies sur les systèmes alimentaires : Empêcher la transformation des systèmes alimentaires des entreprises, publié le jeudi 15 juillet, FIAN International a identifié quatre raisons pour lesquelles l’UNFSS est « problématique ».

Premièrement, le sommet étant à la merci des intérêts des entreprises, il est très donc susceptible de soutenir et de promouvoir des systèmes alimentaires agro-industriels qui « marginalisent » le droit des peuples à l’alimentation et à la nutrition et « exacerbent » leur « dépendance » à l'égard des chaînes de valeur mondiales et des sociétés transnationales qui les exploitent.

Deuxièmement, parce que l’UNFSS a un « fort parti pris » pour les entreprises, dont l’objectif principal est de maximiser les profits et non de nourrir les gens, le sommet continuera à traiter « la nourriture comme une marchandise et non comme un bien commun ou un droit humain ».

Troisièmement, le sommet « crée un caractère inclusif illusoire ». Mais en réalité, il manque de transparence et ne donne pas la priorité aux personnes les plus touchées par la faim, la malnutrition et la destruction environnementale.

Quatrièmement, parce qu’il impose une gouvernance multipartite, mettant les entreprises sur un pied d’égalité avec les gouvernements et autres entités. Le sommet a « légitimé le secteur des entreprises comme faisant partie de la solution alors que ce secteur est en réalité responsable de nombreux problèmes » et « a marginalisé les pays moins avancés des processus internationaux de prises de décisions ».

Le dossier a également exhorté les gouvernements à « mettre fin au multipartisme, à démocratiser les agences des Nations Unies et à mettre en œuvre des garanties solides contre les conflits d’intérêts », afin de « promouvoir des systèmes alimentaires locaux, résilients et agroécologiques » et « protéger les intérêts publics plutôt que privés ».

Le dossier souligne enfin que des systèmes alimentaires durables, justes et sains ne sont possible que si les gouvernements placent « le droit à une alimentation et une nutrition adéquates et la souveraineté alimentaire au cœur de la transformation ».

Cela signifie affirmer « les droits des peuples, des nations et des États à définir démocratiquement leurs propres systèmes d’alimentation, d’agriculture, d’élevage et de pêche, et à élaborer leurs politiques sur la façon dont les aliments sont produits, distribués et consommés ».

 

UNISSONS NOS FORCES ET FAISONS ENTENDRE NOTRE VOIX CONTRE LE UNFSS!

Rejoignez les mobilisations citoyennes contre le sommet!

Lire le dossier Le Sommet des Nations Unies sur les systèmes alimentaires : Empêcher la transformation des systèmes alimentaires des entreprises,