Une transition juste vers l'agroécologie
La crise alimentaire mondiale, les inégalités croissantes et les triples crises planétaires que sont le changement climatique, l’effondrement de la biodiversité et les pollutions multiples nous rappellent brutalement qu'il n'est plus possible de maintenir le statu quo. Il est urgent de s'engager dans une transition juste vers des systèmes économiques équitables, sains et durables.
Dans une nouvelle note d'information, FIAN International examine le concept de transition juste du point de vue du droit à l'alimentation et à la nutrition. Il affirme que seule une transition systémique, multisectorielle et basée sur les droits humains peut garantir un avenir sûr, durable et juste pour toutes et tous. Une transition juste doit prendre en compte les inégalités socio-économiques, y compris les inégalités entre les hommes et les femmes, et transformer les processus de marginalisation et d'exploitation qui bénéficient toujours aux mêmes groupes.
Le respect des droits des femmes, des peuples autochtones, des travailleurs et travailleuses, des communautés paysannes, des personnes qui pratiquent la pêche artisanale et de celles qui produisent des denrées alimentaires à petite échelle doit fournir le cadre d'une transformation véritablement équitable, juste et durable des systèmes alimentaires.
"Le rôle crucial que joue l'agroécologie dans une telle transition n'a pas encore été reconnu à sa juste valeur et n’est pas pris en compte dans les cadres réglementaires existants,” a déclaré l'auteure de la note d'information, Sibylle Dirren.
S'appuyant sur les arguments d'expert-es des Nations unies et sur des expériences concrètes de diverses communautés, la note d'information présente des actions spécifiques que les gouvernements peuvent prendre pour faciliter une transition juste vers l'agroécologie.
Les systèmes alimentaires industriels reposent sur des déséquilibres de pouvoir et des inégalités qu'ils perpétuent. Ils contribuent au changement climatique, à la perte de biodiversité, à la pollution et à la dégradation générale de l'environnement. Environ un tiers des émissions mondiales de gaz à effet de serre provient des systèmes alimentaires industriels. Les pesticides et les engrais chimiques utilisés dans l'agriculture industrielle intensive sont responsables de l'empoisonnement d'environ 385 millions de paysan-nes et de travailleurs-euses agricoles chaque année.
L’urgente nécessité de transformer les systèmes alimentaires industriels a été largement reconnue, notamment par le Groupe d'expert-es intergouvernemental sur l'évolution du climat (GIEC), l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO) et le Comité de la sécurité alimentaire mondiale (CSA).
Plusieurs rapporteurs et rapporteuses spéciales des Nations unies sur le droit à l'alimentation et à la nutrition ont fait état des avantages confirmés de l'agroécologie. Ils et elles ont souligné la capacité de l'agroécologie à réduire considérablement le recours excessif aux pesticides et à utiliser de manière optimale les ressources naturelles pour réaliser le droit à l'alimentation. Des recherches récentes indiquent que la réduction ou l'élimination complète de l'utilisation d'engrais chimiques dans l'agriculture peut entraîner une diminution des émissions de gaz à effet de serre et une réduction de la pollution toxique.
"L'agroécologie, une forme d'agriculture et de production alimentaire, se distingue par ses faibles émissions de carbone, la conservation des écosystèmes et son impact positif sur les moyens de subsistance des paysan-nes et des autres personnes qui produisent des denrées alimentaires,” a déclaré Sibylle Dirren.
Pour soutenir la transition vers l'agroécologie, les États doivent adapter des plans de transition contraignants qui comprennent des mécanismes de soutien sensibles au genre pour les populations rurales et les peuples autochtones, conformément aux conventions de l'UNDRIP, de l'UNDROP, de la CEDAW et de l'OIT. Les connaissances, les pratiques et les innovations des peuples autochtones, des personnes pratiquant l’agriculture à petite échelle, la pêche artisanale, l’élevage extensif et des autres populations rurales doivent être reconnues et leur droit à une participation effective, significative et informée doit être garanti tout au long du processus de transition.
Pour plus d'information, veuillez contacter Tom Sullivan, FIAN International Communication & Campaigns : sullivan@fian.org