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Transformer les systèmes alimentaires: un impératif pour surmonter la crise

La Journée internationale des luttes paysannes vient nous rappeler l’importance de la manière dont nous gérons cette crise.

La Journée internationale des luttes paysannes vient nous rappeler l’importance de la manière dont nous gérons une crise. Cette journée est l’opportunité de souligner qu’en empruntant une voie plutôt que l’autre, nous pourrions exacerber les inégalités et l’exclusion ainsi que nous empêcher de lutter avec succès contre la crise alimentaire imminente. Mais surtout, cette journée nous permet d’envisager un avenir différent, qui non seulement s’appui sur des systèmes alimentaires durables et transformateurs participants à éliminer la faim et la malnutrition, mais aussi valorisent et protègent ceux qui nourrissent le monde.

Comme en témoigne Le rapport préliminaire de l’impact du COVID-19 sur le droit humain à l’alimentation et à la nutrition, les mesures actuelles ont eu un impact différencié sur les groupes marginalisés et discriminés en raisons de leur statut socio-économique, genre, région ou leur localisation en milieux urbains, ou ruraux. Bien qu’ils et elles jouent un rôle crucial dans la résilience des territoires, des communautés et de pays entiers, les petits product.rices.eurs et leurs communautés sont parmi les plus touché.e.s par les mesures visant à stopper la propagation du virus.

Et plutôt que de nous aider à faire face à la crise alimentaire imminente, ces mesures font tout le contraire.

L’impact dévastateur des mesures actuelles

Les confinements et les états d’urgence déclarés dans différentes parties du monde ont eu des effets dévastateurs sur la production locale et l’accès des populations à une alimentation adéquate. Les exemples incluent la fermeture des marchés paysans et l’entrave à la production et à la récolte alimentaires. Dans certains endroits, les travailleurs agricoles saisonniers – souvent migrants – et les commerçants ont perdu leur principale source de revenus en raison des restrictions de circulation et de contrôle aux frontières.

De même, les éleveurs, les bergers et les pêcheurs ne sont souvent pas autorisés à livrer leurs produits aux consommateurs. Pendant ce temps, dans d’autres régions, les travailleurs agricoles sont confrontés à des conditions de travail précaires, notamment des heures de travail prolongées et le manque de mesures de sécurité. Ces organisations ont également pointé l’absence d'une action internationale coordonnée adéquate entre les États et les institutions internationales interétatiques pour maintenir les approvisionnements alimentaires internationaux à travers les frontières pendant la crise COVID-19. Le monde dépend tellement des chaînes alimentaires mondiales, négligeant et sous-estimant ainsi le pouvoir des systèmes alimentaires locaux - qui respectent l'environnement – que nous sommes désormais confrontés à des étagères vides dans les supermarchés et les épiceries.

Le besoin d’un « changement d’attitude »

Comme le dit la célèbre maxime, « un problème créé ne peut être résolu en réfléchissant de la même manière qu’il a été créé ». Il est plus que jamais temps pour les gouvernements de réaliser qu’il faille valoriser le rôle des paysan.ne.s et des autres personnes travaillant dans les zones rurales – en particulier les femmes. En tant que principaux fournisseurs de denrées alimentaires de la population mondiale et qui protègent également la biodiversité, leurs droits humains doivent être (véritablement) garantis par les États, conformément à la législation nationale et au droit international relatif aux droits humains – y compris la Déclaration des Nations Unies sur les droits des paysans et des Autres personnes travaillant dans les zones rurales – ainsi que les initiatives approuvées par l’ONU pour atteindre les objectifs de développement durable (ODD) – comme la Décennie de l'agriculture familiale 2019-2028.

Les paysan.ne.s doivent maintenir leur capacité de produire et de fournir une nourriture adéquate aux centaines de milliers de communautés qu’ils nourrissent, en période de COVID-19 et au-delà. Sur cette note, les États doivent mettre en œuvre des incitations économiques appropriées telles que des subventions et des réductions d'impôts pour les petits producteurs et soutenir les approches transformatrices qui s’appuient sur leur connaissance et expérience.

Une sortie de crise adéquate devrait impliquer les États à prendre des mesures en faveur de divers systèmes alimentaires qui soutiennent des sociétés plus justes, la santé des populations et des écosystèmes. Les mesures fournissant un soutien à la production agroécologique, favorisant les circuits locaux et les chaînes d'approvisionnement courts, et donnant la priorité aux marchés alimentaires, aux épiceries et aux vendeurs informels sont également des mesures qui renforceront à terme la résilience à long terme du monde rural contre les catastrophes naturelles et autres perturbations graves.

La question est simple: si nous voulons faire face à cette crise et à une catastrophe alimentaire imminente, les gouvernements doivent protéger et valoriser les paysan.ne.s, tout en soutenant la transformation nécessaire de nos systèmes alimentaires.

Pour les questions relatives aux médias, veuillez contacter delrey@fian.org

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