English Version | Ver en español

Présentation du rapport de la 3ème mission internationale au Guatemala

Les organisations, les réseaux et les mouvements sociaux ont publié le rapport tant attendu de la 3ème mission internationale sur le droit à une alimentation adéquate et à la nutrition au Guatemala, rapport qui examine également le statut des défenseurs des droits humains dans le pays. Ce rapport présente des recommandations visant à lutter contre les facteurs structurels à l’origine de la faim au Guatemala.

Malgré le fait que le Guatemala dispose du cadre juridique, politique et institutionnel nécessaire pour soutenir la concrétisation du droit à une alimentation adéquate et à la nutrition, et que le pays soit riche en ressources naturelles et fort sur le plan économique, des changements structuraux doivent avoir lieu afin d’améliorer les conditions de vie des Guatémaltèques. L’État du Guatemala est le 3ème pays le plus pauvre d’Amérique latine avec notamment 54,8% de la population vivant en dessous du seuil de pauvreté. Le pays détient le taux le plus élevé de malnutrition chronique dans la région.

Selon les conclusions de la mission, l’approche fondée sur l’aide, adoptée par les programmes de sécurité alimentaire au Guatemala, constitue un facteur majeur de cette situation. Le rapport met en évidence le manque de cohérence entre, d’une part, ces programmes et la législation qui prennent en compte les droits humains, et d’autre part, les politiques publiques et les lois sur l’utilisation et la gestion des ressources, qu’elles soient naturelles, en main-d’œuvre ou commerciales.

Par ailleurs, l’État applique un modèle de développement fondé sur l’extraction des ressources naturelles destinées à l’exportation, ce qui profite essentiellement au secteur du commerce international. Un modèle tel que celui-ci est en contradiction avec la vision de développement des communautés autochtones, des paysans et paysannes et des autres groupes ruraux, puisqu’il entraîne l’accaparement des ressources naturelles, limitant ainsi l’accès, la gestion et le contrôle des ressources par ces communautés. « Ce modèle de production est adapté à l’agro industrie et aux grands propriétaires. La très forte concentration des terres, qui s’ajoute à l’expansion des monocultures à grande échelle, ont des répercussions directes sur les droits des populations et la souveraineté alimentaire au Guatemala, engendrant une violence alarmante et la violation des droits humains. La mission a signalé ces faits et nous en sommes très inquiets », souligne Gerardo Iglesias, secrétaire du Bureau régional d’Amérique latine de l’UITA.

Commentant ce rapport, Angélica Castañeda, coordinatrice pour FIAN International, responsable du programme en Amérique latine, insiste : « Comme l’a confirmé la mission, le secteur privé prend la place de l’État dans les domaines relevant des obligations en matière de droits humains, tels que l’aide à l’alimentation, l’éducation, la santé, la sécurité, la création d’emplois. Le secteur privé se sert également de l’espace public pour faire de la propagande et réglementer l’accès de la population aux services publics. Au cours de nos visites, lors de la mission, il nous est arrivé de rencontrer des femmes et des enfants – appartenant à des groupes ou des communautés qui s’opposent à ces projets industriels – qui sont victimes de discriminations, d’exclusions et font même l’objet de menaces. »

En outre, le rapport démontre également que les individus défendant les droits économiques, sociaux, culturels et environnementaux, en particulier les femmes qui s’attèlent à cette tâche, font de plus en plus souvent l’objet, de la part de l’État et d’autres acteurs, de stigmatisations, de menaces, de violences, et sont criminalisés. Parmi les nombreuses situations examinées, le rapport fait notamment référence aux femmes de La Puya et à leur stratégie de « femmes dirigeantes ». Celles-ci font remarquer que « pour s’acquitter de cette tâche [la défense des droits de notre communauté], nous devons consacrer moins de temps à nos familles ».

Le rapport a été rendu public le 22 octobre lors d’un événement au Guatemala et sera présenté aux institutions et aux agences internationales dans les mois à venir.
Téléchargez le rapport (en espagnol) et le résumé analytique du rapport (en anglais et en espagnol).

Pour plus de renseignements, veuillez contacter:  castaneda-flores[at]fian.org
 
NOTES À L’ATTENTION DES ÉDITEURS:

C’est grâce à l’Alliance ACT EU, l’Alliance internationale d’agences de développement catholiques (CIDSE), the Copenhagen Initiative for Central America and Mexico (CIFCA), FIAN International, la section Amérique latine de l’UITA et la Via Campesina International que cette mission internationale et l’élaboration du rapport ont pu voir le jour.

Le programme de la mission comprenait plusieurs visites des lieux où d’importantes violations du droit à l’alimentation et à la nutrition ont été commises, mais aussi des rencontres avec les institutions gouvernementales et divers acteurs sociaux et politiques.