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La Caravane de Matopiba révèle les coûts humains et environnementaux alarmants de l’agrobusiness

La délégation a observé durant sa visite que la croissance des plantations de soja se traduit par des niveaux élevés de pollution agrochimique, la raréfaction des ressources naturelles, des accaparements de terres, ainsi qu’un impact majeur sur la santé des communautés traditionnelles.

La délégation, composée de 30 défenseurs des droits humains et d’experts en développement de milieux ruraux, a corroboré la vaste dévastation environnementale que l’accaparement des terres et l’expansion des monocultures de soja laissent dans leur sillage. Aussi appelée la Caravane de Matopiba, la mission internationale d’établissement des faits qui a visité la région dans le Nord-Est du Brésil entre le 6 et le 10 septembre, a souligné les coûts humains frappants pour les communautés vivant dans la région.

Les témoignages enregistrés par la délégation dans les communautés de Melancias, Baixão Fechado, Sete Lagoas, Brejo das Meninas, Santa Fé font part d’histoires similaires. Les villageois souffrent de la raréfaction des ressources aquatiques en raison de la déforestation et des niveaux élevés de pollution agrochimique qui causent de graves problèmes de santé. Ces problèmes sont liés à l’invasion de leurs terres traditionnelles par des accapareurs de terres –connus localement sous le nom de « grilheiros »  – qui réduisent la végétation naturelle et falsifient les titres fonciers afin de revendre les terres à l’industrie agroalimentaire. Dans toutes ses visites, qui ont eu lieu dans le sud du Piaui, la délégation a trouvé des indications claires que la dégradation de l’environnement met en péril le droit à l’alimentation, à l’eau et à la santé des communautés.

Témoignages de première main

M. Juarez, le chef de la communauté des Melancias, a déclaré aux observateurs que les pesticides utilisés dans les plantations s’écoulent directement dans la rivière pendant la saison des pluies. Cela leur rend impossible d’utiliser l’eau, sous peine d’un large éventail de problèmes de santé, y compris la nausée, le vertige et des irritations cutanées. De même, les pesticides largués par voie aérienne au dessus des plantations atteignent la communauté. Les femmes de la communauté ont souligné que les niveaux inférieurs d’eau souterraine à cause des plantations entraînent une diminution des récoltes locales telles que celle de l’huile de Buriti.

La présence de gros agriculteurs, d’accapareurs de terres, de prospecteurs et de milices se ressent dans toute la région. Les membres de la communauté sont constamment intimidés et forcés à quitter leurs terres, certains d’entre eux vendant alors ces dernières à prix cassé. Un grand nombre de familles locales finissent par émigrer vers les favelas des grandes villes où elles sont obligées de vivre en marge de la société. La délégation a rencontré le cas de la communauté de Sete Lagoas, qui a récemment signalé 10 cas d’intimidation par la compagnie locale Dahma, en charge de la « sécurité » pour les grilheiros. Malgré une ordonnance du tribunal en faveur des villageois, les menaces continuent.

L’État du Brésil reste absent

La délégation a constaté une absence manifeste de l’État dans les communautés. L’État du Brésil ne garantit pas ni protège les droits fonciers et territoriaux, et n’assure pas l’application des politiques publiques dans les communautés. Un des membres de FIAN International, Flavio Valente, ajoute que : « l’État brésilien a non seulement été totalement absent pour protéger les communautés traditionnelles contre le pillage par les accapareurs de terres, mais a aussi agi de manière criminelle en promouvant les entreprises agro-industrielles dans la région. Cela a entraîné une vague de violence en toute impunité contre les communautés inacceptable ».

Les entreprises agroalimentaires opérant dans la région reçoivent des fonds provenant de fonds de pension basés aux États-Unis, au Canada, en Suède, aux Pays-Bas et en Allemagne. La délégation rappelle que ces États doivent s’acquitter de leurs obligations extraterritoriales en s’assurant que les activités des fonds de pension ne soient pas impliquées dans les violations des droits humain ainsi que dans la destruction environnementale de la région.

Audiences publiques et conférence de presse

Les témoignages des communautés, ainsi que les observations et recommandations de la délégation feront l’objet d’audiences publiques à Bom Jesus, Teresina et Brasilia. Une conférence de presse pour les médias nationaux et internationaux sera organisée le 14 septembre à Memorial da Procuradoria Geral da República (St. de Administração Federal Sul - Zona Cívico-Administrativa, Brasília/DF).

Un rapport préliminaire avec des recommandations sera alors partagé avec les autorités brésiliennes. Le rapport final sera préparé d’ici la fin de l’année 2017.

Pour des questions relatives aux médias, veuillez contacter delrey@fian.org