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Bénin : Les communautés rurales réintroduisent les semences paysannes pour améliorer la nutrition et les moyens de subsistence

Ces dernières années, les politiques gouvernementales au Bénin ont incité les populations paysannes à se tourner vers la production de cultures commerciales destinées au marché, comme le maïs, au détriment des cultures traditionnelles destinées à la consommation, ce qui a contribué à accroître l'insécurité alimentaire et la malnutrition.

Or, les efforts déployés pour restaurer les systèmes de semences paysannes ont pu améliorer les moyens de subsistance de la population d'une région reculée du nord du pays.

« C'est grâce au niébé que cette année mes enfants n'ont pas eu à travailler dans les champs », explique Niamy Djamou, un paysan du village de Tora, dans le nord du pays. « Quand la famine [mois de pénurie alimentaire] est arrivée, je n'avais pas de maïs, ni rien d'autre... Si nous n'avions pas eu le niébé, la famine aurait frappé notre famille. »



Les programmes gouvernementaux visent à augmenter les revenus des communautés rurales, mais de nombreuses familles ont manqué de nourriture et souffert de malnutrition, en particulier les années de faibles récoltes. En adoptant les semences industrielles, les populations paysannes ont abandonné leurs propres semences de cultures locales traditionnelles et ont du acheter chaque année de nouvelles semences, ainsi que les engrais et les pesticides nécessaires à la culture des variétés hybrides à haut rendement - au lieu de réutiliser leurs propres semences.

L'Organisation Rurale pour une Agriculture Durable (ORAD) a aidé les habitants de Tora à reprendre leurs semences paysannes issues de cultures traditionnelles comme le sorgo et le niébé. Ces semences peuvent être ressemées chaque année et s’adaptent facilement aux conditions changeantes, un aspect fondamental dans le contexte du changement climatique. La plupart des habitants du village sont des paysans et paysannes. En sélectionnant et en réensemençant leurs semences, les familles ne doivent plus acheter de semences chaque année, ce qui les rend plus indépendantes. Plus important encore, la récupération des semences paysannes des cultures locales traditionnelles a permis de garantir une alimentation suffisante et une meilleure nutrition aux familles de Tora.

« L'année dernière, lorsque certains d'entre nous ont recommencé à cultiver du niébé, les gens ont dit : « Qu'est-ce que cela va apporter ? ». Mais cette année, nous en avons vu les bénéfices », explique Euphrasie. « Quand le mois de la famine est arrivé, ceux qui avaient cultivé le niébé avaient de quoi nourrir leurs familles. Certains en avaient même assez pour en vendre à d'autres. Cette année, nous allons tous cultiver du niébé pour pouvoir manger et avoir un certain revenu. »


L'ORAD et les communautés ont également entamé un dialogue avec les maires et autres autorités locales afin de les sensibiliser aux avantages des systèmes de semences paysannes pour le droit à l'alimentation et à la nutrition et le développement rural. Il est également important pour les paysans locaux de parler aux autorités en raison d'une nouvelle menace : le Nigeria, pays voisin du Bénin, a récemment autorisé des essais en champ de niébé génétiquement modifié. Cela a suscité de sérieuses inquiétudes quant au fait que les semences génétiquement modifiées pourraient traverser la frontière et contaminer les champs et les semences des communautés rurales.

Les paysan?ne?s et leurs organisations demandent aux autorités béninoises de protéger et de soutenir les systèmes de semences paysannes et de mettre en place des politiques favorables à l'agroécologie.

 

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