English | Español

L’affaiblissement des normes relatives aux droits humains appelle à une action urgente

A l'occasion de la Journée internationale des droits humains, FIAN International met en garde contre la crise que traversent les normes relatives aux droits humains et leur cohérence, et qui s'étend aux espaces politiques censés défendre le droit à l'alimentation et à la nutrition.

Il y a 68 ans aujourd'hui, l'Assemblée générale des Nations Unies adoptait la Déclaration universelle des droits de l'Homme, ouvrant la voie au développement d'autres instruments internationaux et régionaux et d'espaces politiques qui allaient faire progresser les droits des personnes. Si le plaidoyer et la promotion des droits humains ont toujours demandé des efforts considérables, ils n'ont cessé de devenir plus complexes depuis les années 90.

De nouvelles structures de gouvernance ont surgi et le secteur privé a gagné du terrain dans les sphères politiques, en même temps que le manque de finances publiques s'est imposé comme une maladie chronique. Une telle combinaison de facteurs fait que les systèmes de droits humains et les espaces politiques, tels que le Comité de la sécurité alimentaire mondiale (CSA), risquent de perdre leur intégrité et leur capacité à remplir leur mandat.

 L'accumulation agressive provoquée par la dépossession à l'échelle mondiale et l'affaiblissement conséquent des droits humains, dans un contexte de montée des mouvements et des partis politiques d'extrême droite, xénophobes et nationalistes, nourrissant la peur et un populisme débridé contre les élites, ouvre la voie à une page de l'Histoire dans laquelle les droits de tous les peuples passent au second plan. 

La Journée internationale des droits humains donne l'occasion d'appeler les États à respecter leurs obligations envers les droits humains et les peuples à se mobiliser et à lutter pour la souveraineté. 

La crise des systèmes de droits humains

Les systèmes de droits humains, des Nations Unies et régionaux, subissent une pression constamment plus grande. Alors que l'on parle de réduire le budget du Conseil des droits de l'Homme, la Commission interaméricaine des droits de l'Homme (CIDH) vient juste de traverser la plus grosse crise financière de son histoire. Les États ont l'obligation (financière) de fournir un système garantissant la protection contre les abus, l'injustice et les violations à l'encontre des droits fondamentaux. Son plein exercice doit être un acquis incontestable. 

Au-delà du syndrome chronique du sous-financement, l'engagement de certains États vis-à-vis de leurs obligations en matière de droits humains s'étiole également : certains pays africains (le Burundi, L'Afrique du Sud) ont annoncé leur retrait du Statut de Rome de la Cour pénale internationale. Cette tendance, qui met en péril le cadre des droits humains, doit être stoppée de toute urgence.

Menaces contre les espaces politiques du droit à l'alimentation

Cette crise

s'étend aux espaces politiques censés défendre du droit à l'alimentation et à la nutrition. Beaucoup de pays méprisent encore les droits humains en tant que fondement des politiques alimentaires et nutritionnelles. A cela s'ajoutent le manque persistant de financement par les pouvoirs publics et, par conséquent, l'influence croissante des multinationales dans la conception des systèmes alimentaires. Ces deux problématiques, ensemble et séparément, menacent non seulement l'intégrité des espaces politiques publics, mais la capacité-même de ces espaces à agir conformément à leur mandat et en toute indépendance.

Pour garantir que l'on s'attaque bien aux causes structurelles de l'insécurité alimentaire et de la malnutrition, les groupes les plus affectés doivent rester au cœur de tout processus décisionnel et au centre des espaces politiques. Il est temps de nous saisir des droits humains dans la lutte pour la souveraineté des peuples.