La communauté internationale doit mettre fin à l'utilisation de la nourriture comme arme et à la famine à Gaza

En bloquant 116 000 tonnes métriques de nourriture à sa frontière avec Gaza – suffisantes pour fournir des rations de base à un million de personnes pendant quatre mois – Israël et ses partisans violent leur obligation de respecter le droit à l'alimentation de la population palestinienne, entravant l'accès à une nourriture adéquate nécessaire à la survie et à une vie digne.

Personne à Gaza n'a accès à suffisamment de nourriture et d'eau. Certains, y compris de jeunes enfants, sont déjà morts de faim avec des milliers de personnes souffrant de malnutrition aiguë. Les infrastructures agricoles et les cultures de Gaza ont été décimées, et les systèmes agricoles se sont presque effondrés. Les restrictions sévères sur le carburant ont paralysé les infrastructures d'eau et l'approvisionnement en électricité, ne laissant qu'une alimentation limitée provenant de panneaux solaires et de générateurs.

Les prix des denrées alimentaires dans la bande de Gaza ont augmenté de 1 400 % depuis la fin du dernier cessez-le-feu, rendant presque impossible pour les communautés touchées de se procurer de la nourriture abordable. Cette crise affecte non seulement la population actuelle, mais menace également gravement la santé des générations futures et d'autres droits connexes.

Actuellement, les habitants de Gaza dépendent principalement de légumes en conserve, du riz, des pâtes et des lentilles, car les aliments de base comme la viande, le lait, le fromage et les fruits ont pratiquement disparu. Il en résulte une carence significative tant en quantité qu'en qualité de nourriture nécessaire pour réaliser leur droit à une alimentation et une nutrition adéquates. Selon l'ONU, les enfants se couchent affamés.

Cette escalade dramatique découle non seulement des hostilités récentes, mais aussi de l'occupation israélienne, de l'oppression systémique et des violations de longue date des droits humains du peuple palestinien. Celles-ci comprennent la destruction des infrastructures alimentaires et sanitaires, la restriction des approvisionnements en eau, la destruction environnementale et d'autres violations des droits économiques, sociaux et culturels – ainsi que du droit à l'autodétermination. Ces violations continues ont précipité une catastrophe alimentaire et sanitaire que la communauté internationale a laissé persister, manquant à ses obligations d'assurer le droit à l'alimentation à l'intérieur et au-delà de ses frontières, pour les générations présentes et futures.

La communauté internationale doit agir pour remédier à cette violation, adoptant toutes les mesures nécessaires pour empêcher l'utilisation de la nourriture comme arme et défendre les droits du peuple de Gaza. Les États devraient immédiatement cesser tout soutien — qu'il soit militaire, économique ou politique — à Israël et aux sociétés transnationales complices de ce génocide en cours.

À court terme, les nations sont exhortées à déployer des efforts diplomatiques pour faciliter la livraison des approvisionnements alimentaires actuellement bloqués à la frontière. Cependant, ces mesures seules sont loin d'être suffisantes. La communauté internationale doit restaurer les systèmes alimentaires locaux et les infrastructures à Gaza, respecter le droit des Palestiniens à l'autodétermination et garantir l'accès à la nourriture, aux recours et à la justice. Il est impossible de réaliser les droits humains et d'exercer la souveraineté alimentaire dans le contexte du colonialisme de peuplement et de l'occupation.

La création du Groupe de La Haye est une étape positive vers la résolution de cette crise, mais des États supplémentaires doivent rejoindre cette initiative et prendre immédiatement des mesures efficaces pour assurer la justice et la paix pour le peuple palestinien.

Pour plus d'informations ou pour toute demande des médias, veuillez contacter Ana María Suárez Franco : suarez-franco@fian.org

Artisans pêcheurs : Luttes et mobilisations

Les Nations Unies ont déclaré 2022 Année internationale de la pêche artisanale et de l’aquaculture (IYAFA 2022) afin de souligner l’importance de la pêche artisanale et de l’aquaculture.

Au cours des dix dernières années et plus encore depuis la pandémie, les initiatives en faveur de l’économie bleue se sont multipliées. Le Sommet des Nations Unies sur les systèmes alimentaires de 2021 a fait progresser la notion de « Blue Foods », qui signifie avant tout l’aquaculture. En 2021, le Comité des pêches de la FAO a pris des mesures sans précédent visant à faire progresser l’aquaculture, donnant naissance à la « Déclaration de Shanghai » rédigée par WorldFish, les acteurs de l’industrie et d’autres parties prenantes [1].

L’IYAFA met désormais en valeur la pêche artisanale. Certains préfèrent le terme de pêche à petite échelle, or, quel que soit le terme utilisé, il s’agit toujours du mode de vie fournissant de la nourriture et des revenus à plus de cent millions de personnes dans le monde. Cependant, les territoires et les ressources des pêcheurs sont de plus en plus accaparés : l’ensemble du programme d’économie bleue allant du déplacement de personnes au nom de la conservation (Aires maritimes protégées – AMP), à des investissements massifs en pisciculture, à l’expansion des ports afin de faciliter davantage le commerce mondial et à des dynamitages et des forages sans précédent pour le pétrole et le gaz, constituent des exemples de développement contemporain qui ont dépossédé et continuent de déposséder les communautés de pêcheurs. Nous espérons que l’IYAFA sera l’année où les pêcheurs du monde entier intensifieront la résistance et mobiliseront les masses pour exiger la restitution et la régénération de la nature.

Transnational Institute et FIAN International

Télécharger / voir le bulletin n°47 :

Artisans pêcheurs : Luttes et mobilisations

More info at https://nyeleni.org/

Les mouvements sociaux mondiaux sont solidaires des paysans de l’Inde

DÉCLARATION COMMUNE: Salut aux paysan·nes de l'Inde! Une immense victoire pour les mouvements sociaux !

C'est une immense victoire pour les agriculteur·ices indien·nes, qui menaient une mobilisation historique depuis près d'un an. Le gouvernement indien a annoncé, le 19 novembre, l'abrogation de trois lois agricoles controversées qui menaçaient de privatiser le secteur agricole du pays. Cette victoire constitue d'un récit édifiant sur ce que le pouvoir des populations peut accomplir, même dans les conditions les plus défavorables.

La manifestation des agriculteur·rices indien·nes, l'une des plus grandes mobilisations de l'histoire récente, a un an le 26 novembre 2021. Au cours de cette manifestation historique, les agriculteur·ices et les travailleur·euses ont dû affronter un hiver rigoureux, des pluies torrentielles, une répression brutale et une vague de campagnes visant à criminaliser, emprisonner, diffamer et délégitimer les manifestant.e.s et leurs allié·es.

Selon Samkyutka Kisan Morcha, la principale coalition de cette manifestation, au moins 650 paysan·nes ont été tué.e.s l'année dernière au cours des manifestations. Parmi eux, cinq paysan·nes qui ont été cruellement écrasé·es par une voiture en octobre 2021, qui aurait été conduite par le fils d'un ministre.

Malgré la répression et les mesures oppressives, les millions d'agriculteur·ices qui assiègent les abords de New Delhi depuis une année ne sont pas pressés de mettre fin à leur manifestation. S'ils et elles saluent l'annonce du retrait des trois lois comme un pas dans la bonne direction, leur autre demande cruciale, à savoir la garantie légale d'un prix de soutien minimum (MSP) pour leurs produits, n'est toujours pas satisfaite. Le gouvernement prévoit de constituer un comité qui rendrait le système d'approvisionnement plus transparent, mais les agriculteurs agitateurs insistent sur le fait qu'une garantie légale est une nécessité absolue. Ils demandent également que le gouvernement retire toutes les affaires pénales engagées contre les manifestant·es au cours de l'année.

Les paysan·nes indien·nes ont inspiré le monde entier par leur résilience. Ils et elles nous ont montré ce qu'une lutte unie de la classe ouvrière et de la paysannerie peut accomplir, même face à toutes les adversités. Au cours de l'année écoulée, cette manifestation a noué des alliances avec des syndicats de travailleur·euses et d'autres mouvements sociaux et a émis des messages inspirants de solidarité, d'harmonie communautaire et d'unité entre les sociétés rurales.

Nous, membres de la société civile internationale, offrons notre soutien total et notre solidarité aux paysan.ne.s de l'Inde. Nous applaudissons votre résilience. Vous êtes une source d'inspiration pour les mouvements sociaux partout dans le monde. Nous vous soutenons dans vos demandes de résistance à la mainmise des entreprises sur l'agriculture, qui menace la souveraineté alimentaire de l'Inde. Vos manifestations trouvent un écho dans toutes les communautés paysannes et indigènes du monde entier. Nous suivons votre leadership, et restons unis et attentifs à l’évolution de la situation au quotidien.

La menace de privatisation et de corporatisation de l'agriculture ne touche pas que l'Inde. Cependant, ce qui est en jeu en Inde, ce sont les vies et les moyens de subsistance de près de 600 millions de personnes liées au secteur agricole et aux secteurs connexes.

L'histoire nous a montré les dangers de l'expansion de l'agrobusiness. L'Europe, les États-Unis, le Japon, la Corée du Sud, le Canada, l'Australie et plusieurs pays riches sont la preuve vivante que l'expansion de l'agrobusiness marginalise les petit·es producteur·rices de denrées alimentaires et déplace la production agricole vers les grandes exploitations industrielles. Il s'agit d'un modèle qui chasse des millions de personnes de leurs terres, entraîne une concentration des terres à grande échelle et livre un bien naturel précieux aux mains de quelques-uns. C'est un modèle qui prive les petit.e.s agriculteur·rices de leur autonomie et de leur contrôle sur leurs semences, de leurs intrants et de leurs machines agricoles. Il s'agit d'un modèle qui favorise la monoculture à grande échelle, avec des conséquences tragiques pour la planète, la santé des sols, la biodiversité et les alternatives nutritionnelles pour nos communautés.

Pour une société à prédominance rurale comme l'Inde, passer par ce processus de privatisation, surtout lorsque la grande majorité de sa paysannerie est constituée de métayer·ères et de petit·es chef·fes d’exploitation, c'est amener la misère aux portes de millions de foyers. Et lorsque les paysan·nes des zones rurales perdent l'autonomie de leur production, cela met en danger leur souveraineté alimentaire.

L'Inde est signataire de la Déclaration des Nations Unies sur les Droits des paysan.ne.s et des autres personnes travaillant dans les zones rurales (UNDROP acronyme en anglais), qui souligne les obligations des États en tant que garants d'un revenu adéquat et de prix équitables pour leurs producteur·rices de denrées alimentaires (article 16). Malgré cet engagement envers la déclaration des Nations Unies, et agissant contrairement à l'esprit de la Déclaration, le gouvernement indien a introduit trois lois controversées en pleine année de pandémie, sans aucune consultation aux agriculteur·rices. Nous insistons sur le fait que toute tentative de réforme de l'agriculture indienne doit être menée en consultant dûment les petits producteur·ices alimentaires dans le cadre d'un processus transparent et démocratique.

Au cours des deux dernières décennies, les agriculteur·ices indien·nes se sont mobilisé·es à plusieurs reprises pour réclamer une garantie légale pour un prix de soutien minimum et un mécanisme solide pour assurer l'efficacité des marchés publics de leurs produits. À l'heure actuelle, les protestataires craignent qu'en l'absence d'une telle garantie légale, les entreprises privées puissent encore entrer par la porte de derrière. C'est pourquoi ils et elles insistent sur une législation qui garantisse un prix de soutien minimum aux agriculteur·ices dans chaque État de l'Inde.

En tant que signataire de la déclaration des Nations Unies sur les droits des paysan·nes, l'Inde doit écouter son peuple et instaurer un processus de consultation avec les syndicats avant d'introduire toute réforme. Elle doit établir des garanties légales qui assurent un prix de soutien minimum pour les paysan.ne.s. Elle doit reconnaître et indemniser les familles de celles et ceux qui ont perdu la vie dans cette lutte. Elle doit immédiatement traduire en justice ceux qui ont écrasé les agriculteur·rices qui manifestaient à Lakhimpur Kheri. Elle doit cesser toute action qui criminalise les dirigeant·es ou les membres des syndicats mobilisés et reprendre immédiatement les pourparlers et les négociations.

Appel à des actions de solidarité internationale :

Le 26 novembre, nous, membres de la société civile internationale, organiserons des activités pacifiques de solidarité, de façon virtuelle et présentielle, pour exprimer notre soutien aux paysan.ne.s indien.ne.s.

Hashtag #SalutetoIndiasFarmers (Salut aux paysan·nes indien·nes)

Envoyez des photos, des déclarations ou des vidéos à samyuktkisanmorcha@gmail.com

Mondialisons la lutte, mondialisons l'espoir !

Nous rendons hommage à la paysannerie indienne, qui est notre source d'inspiration !

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Déclaration signée par :

LVC – La Via Campesina

WAMIP – Alliance Mondiale des Peuples Autochtones Mobiles

CITI – Conseil International des Traités Indiens

URGENCI – Réseau International pour l’Agriculture soutenue par la communauté

MMF – Marche Mondiale des Femmes

HIC – Coalition Internationale de l’Habitat

FIAN International

FOEI – Les Amis de la Terre International

FIMARC – Federation International des Mouvements d’Adultes Ruraux catholiques

 

Vers une planète sans pesticides

Un mouvement se développe actuellement à l'échelle mondiale pour mettre fin à l'utilisation croissante de pesticides nocifs dans l'agriculture et pour passer à des méthodes agricoles plus durables qui protègent les personnes et l'environnement, ce dont traiteront cette semaine trois rapports clés des Nations Unies présentés à Genève et à New York sur les substances toxiques, le droit à un environnement sain et les systèmes alimentaires à la veille du Sommet des Nations Unies sur les systèmes alimentaires.

FIAN International a contribué ce mouvement vers le changement avec une étude des expériences locales à travers le monde. Transitioning to pesticide free food systems: people´s power and imagination (« Transition vers des systèmes alimentaires sans pesticides : le pouvoir et l'imagination des populations ») adopte une approche des droits humains fondée sur les réalités locales et démontre qu'une transition vers l'agroécologie est en cours dans de nombreuses régions du monde. L'étude présente également des mesures concrètes à l'attention d'autres communautés et des décideur?euse?s politiques dans un document intitulé “key elements” (« éléments clés ») qui vise à soutenir les actions de plaidoyer en faveur d'environnements sans pesticides.

Les pesticides sont responsables d'environ 200 000 décès par empoisonnement aigu chaque année. Une exposition à long terme peut entraîner des problèmes de santé chroniques, notamment des cancers, des malformations congénitales et des troubles de la reproduction, ainsi que des dommages neurologiques. Le ruissellement des pesticides pollue fréquemment les écosystèmes environnants et aggrave la perte de biodiversité – notamment celle des sols, ce qui peut entraîner une forte baisse de rendement des cultures et ainsi compromettre la sécurité alimentaire.

Or, malgré les dommages causés, l'utilisation des pesticides a explosé au cours des dernières décennies pour atteindre, selon les estimations, 3,5 millions de tonnes en 2020. Six très grandes entreprises – Monsanto, DuPont, Dow, Syngenta, Bayer et BASF – contrôlent 75 % du marché mondial des pesticides.

Les syndicats de travailleurs agricoles, dont l'Union internationale des travailleurs de l'alimentation, de l'agriculture, de l'hôtellerie-restauration, du tabac et des branches connexes (UITA), et les mouvements paysans, tels que La Via Campesina, protestent depuis des années contre l'utilisation intensive des pesticides et leurs effets négatifs sur la santé et le droit à l'alimentation et à la nutrition.

Les pesticides jouent un rôle central dans le système mondial de production alimentaire, contribuant à accroître les inégalités, réduire la diversité alimentaire, mettre à mal la souveraineté des peuples sur leurs territoires et détruire l'environnement. Leur utilisation croissante met en évidence le non-respect par les États de leurs obligations en matière de droits humains et particulièrement le droit à une alimentation et à une nutrition adéquates et les droits connexes. Les pesticides font également partie intégrante du modèle agroalimentaire actuel, axé sur les exportations et dirigé par les entreprises, qui repose sur une monoculture non durable.

En 2017, les Rapporteurs spéciaux de l'ONU tant sur le droit à l'alimentation que sur les substances toxiques appelaient déjà à mettre fin à ce modèle en déclarant :

« Si les initiatives visant à interdire et à réglementer de manière appropriée l’utilisation des pesticides constituent une étape nécessaire dans la bonne direction, le moyen le plus efficace à long terme de réduire l’exposition à ces produits chimiques toxiques est de renoncer progressivement à l’agriculture industrielle« .

 

 

Un nouveau guide pour faire avancer le droit aux semences

Les paysan.ne.s et les peuples autochtones nourrissent plus de 70 pour cent de la population mondiale et sont des agents clés de la préservation de la diversité bioculturelle dans les systèmes alimentaires. L'importance des semences, des connaissances traditionnelles et des innovations est de plus en plus reconnue comme un facteur crucial dans les efforts visant à mettre un terme à la perte rapide de biodiversité, notamment dans le contexte de l'élaboration d'un nouveau cadre mondial pour la biodiversité dans le cadre de la Convention sur la diversité biologique (CDB).

Le droit aux semences des paysan.ne.s et des peuples autochtones est inscrit dans des accords internationaux tels que le Traité international sur les ressources phytogénétiques pour l'alimentation et l'agriculture (TIRPAA), la Déclaration des Nations unies sur les droits des peuples autochtones (UNDRIP) et la Déclaration des Nations unies sur les droits des paysans et des autres personnes travaillant dans les zones rurales (UNDROP).

« Dans le monde entier, les paysannes et paysans et les peuples autochtones prennent soin de leurs semences afin de produire de la nourriture et de prendre soin des écosystèmes. La pandémie de COVID-19 a montré une fois de plus que nos systèmes de semences sont solides et résilients. » (David Cidi Otieno, Ligue des paysans du Kenya)

 

Le droit aux semences est menacé

Actuellement, les systèmes alimentaires et les pratiques de gestion des semences des paysans et des peuples autochtones sont menacés par les aliments produits industriellement, les lois restrictives sur les semences, les revendications de propriété intellectuelle et les modifications génétiques. L'expansion de l'agriculture industrielle s'est accompagnée d'une diminution spectaculaire de la biodiversité agricole.

Selon les Nations unies, 75 pour cent de la diversité des cultures a été perdue au cours du siècle dernier. L'humanité ne compte plus que sur six cultures principales pour se nourrir.

La restauration de la biodiversité est essentielle pour adapter les systèmes agricoles au changement climatique. Cependant, les droits de propriété intellectuelle, instaurés par des organisations comme l'UPOV, et les accords commerciaux restreignent les droits des paysans et des peuples autochtones à conserver, utiliser, échanger et vendre leurs semences. Les nouvelles technologies telles que l'information sur les séquences numériques (DSI) et la modification du génome constituent de nouvelles menaces pour les communautés agricoles et risquent de saper les accords internationaux existants tels que le TIRPAA et la CDB.

« Les lois existantes sur les semences sont faites pour l'industrie semencière et l'agrobusiness. Nous participons au traité [TIRPAA] pour réaffirmer que notre droit aux semences est un droit humain, qui est supérieur aux droits de propriété intellectuelle. » (Alimata Traoré, présidente de la Convergence des femmes rurales pour la souveraineté alimentaire au Mali)

Pour l'instant, le défi reste de mettre en œuvre les droits des paysan.ne.s et des peuples autochtones dans les politiques et les lois nationales. De nouveaux efforts sont donc nécessaires de toute urgence.

Lancement d'un nouveau guide sur le droit aux semences

Publié à l'occasion d'un nouveau cycle de discussion au sein du TIRPAA, un nouveau guide intitulé « Recréer le cycle de la sagesse : Une palette d'éclairages au service du droit sur les semences. Guide pour la mise en œuvre des droits des agriculteurs » fait des propositions concrètes à cet égard.

Le guide vise à fournir des outils pour soutenir les organisations de paysans et de peuples autochtones dans leur travail pour faire avancer la pleine réalisation de leur droit aux semences.

« Ce guide est opportun et nécessaire. Il contient l'autorité et la sagesse des personnes qui détiennent les semences. » (Michael Fakhri, Rapporteur spécial des Nations unies sur le droit à l'alimentation)

Cette publication est un effort conjoint du groupe de travail sur la biodiversité agricole du Comité international de planification pour la souveraineté alimentaire (CIP), de FIAN International et du Centro Internazionale Crocevia.

Télécharger Recréer le cycle de la sagesse : Une palette d'éclairages au service du droit sur les semences. Guide pour la mise en œuvre des droits des agriculteurs

Nyéléni a dix ans

Il y a dix ans, des mouvements sociaux ont semé une graine pleine d'avenir pour la défense de la souveraineté alimentaire et le droit à l'alimentation : le bulletin Nyéleni. Pendant la période de germination, nous nous sommes confrontés à des défis, nous avons partagé nos expériences, nos réflexions et nos actions d’unification. 

Nous nous sommes aussi largement inquiétés de la façon dont le capitalisme d'extraction, l'autoritarisme et l'agrobusiness s’accaparaient la terre et des territoires en toute impunité, mettant des vies en danger, alors même que les gouvernements continuaient de favoriser les entreprises et les systèmes alimentaires industriels par leurs politiques, leurs règlementations et leurs législations. Pour couronner le tout, la pandémie de la COVID-19 est venue réaffirmer le rôle fondamental joué par ceux·lles qui nourrissent les communautés de manière saine, équitable et durable.

Nous avons malgré tout de nombreuses choses à célébrer.

Vous pouvez télécharger le bulletin ici.
 

Au-delà de la terre – Territoire et Souveraineté Alimentaire

La terre a toujours été un bien très contesté. Le contrôle des terres et des ressources liées reflète les relations de pouvoir d’une région, d’un pays et constitue un indicateur des injustices sociales existantes. En même temps, ces ressources sont centrales dans la question des droits, des moyens d’existence et de l’identité de petits producteurs alimentaires. Depuis le début, elles ont été au cœur du mouvement pour la souveraineté alimentaire.

Ce numéro de la Nyéléni Newsletter est la seconde édition de cette année consacrée au thème de la terre. D’un point de vue historique, nous examinons l’évolution des luttes liées à la terre dans les dernières décades en commençant par les demandes pour une réforme agraire et aller vers un cadre plus global qui affirme les relations multiples et étroites que les gens et les communautés ont avec leurs territoires.

Malgré les défis persistants dans les luttes des peuples pour la terre, ce numéro célèbre des victoires importantes et démontre l’ingéniosité des communautés de par le monde pour affirmer leurs droits et gérer leurs territoires.

Les organisations sociales trouvent des moyens d’intégrer dans leurs luttes les questions émergentes telles que les défis du changement climatique et des technologies numériques. A la lumière de la numérisation agressive, la financiarisation et l’autoritarisme et au vu du chevauchement croissant des questions agraires et écologiques, nous soulignons la nécessité pour ces mouvements de relancer et recentrer leurs stratégies.

Vous pouvez télécharger le bulletin ici

Dématérialisation de l’alimentation : aborder de front les défis de l’ère numérique

Au cours des dernières décennies, le secteur privé a accru son contrôle de domaines publics comme l’eau, l’éducation ou la santé, piliers des droits humains, à des fins de profits. La nourriture, bien sûr, fait l’objet d’échanges depuis des siècles, mais l’échec récent à réguler les marchés a entraîné sa complète marchandisation. 

Ces événements ont profondément affecté les communautés rurales en leur enlevant leurs ressources productives, comme la terre, l’eau et les semences. Ils ont endommagé l’environnement, entraînant une dégradation grave et croissante. Cela a également modifié nos régimes alimentaires, avec des millions de personnes souffrant des conséquences de la malnutrition, notamment le diabète et l’obésité. Plus généralement, l’année 2017 a été la troisième année consécutive à voir une hausse du taux de faim dans le monde : le nombre absolu de personnes sous-alimentées a atteint près de 821 millions l’an dernier, contre 804 millions en 2016, des niveaux sans précédents au cours de la dernière décennie.

C’est dans ce contexte que trois dynamiques intimement liées – la dématérialisation, la numérisation et la financiarisation – altèrent davantage nos systèmes alimentaires. Les acteurs qui étaient les porte-drapeaux ardents du système agroindustriel maintenant critiqué proposent une « solution novatrice » présentée sous le nom de la soi-disant quatrième Révolution industrielle. Cette dernière comprend une fusion de technologies qui brouillent les lignes entre les sphères physique, numérique et biologique. De plus en plus, les données sur les semences circulent dans le monde entier, les saveurs artificielles dominent nos plats quotidiens et la spéculation financière, fluctuant à travers des réseaux numériques invisibles, modifie la valeur des ressources sur tous les continents. La question demeure, à qui tout ceci profite-t-il ?

Sous l’égide de « Dématérialisation de l’alimentation : aborder de front les défis de l’ère numérique », l’édition 2018 de l’Observatoire explore les répercussions de ces trois phénomènes sur nos systèmes et régimes alimentaires. Elle analyse comment ces processus modifient la conception du marché de l’alimentation et comment ils affectent les habitudes de consommation dans les centres urbains et au-delà. Elle analyse comment les cibles de l’action politique sont en train d’être modifiées dans la quête de la souveraineté alimentaire, et s’interroge sur la façon dont la concrétisation du droit humain à l’alimentation et à une nutrition adéquate sera abordée. 

Pour la première fois, cette édition sera suppléée d’une infographie offrant un aperçu succinct et visuel des problèmes les plus conflictuels et les plus complexes auxquels est confronté notre droit à l’alimentation. Ce supplément constitue également un outil efficace pour nous éduquer.

Un pré-lancement officiel de la publication aura lieu lors du 12ème Forum des peuples Asie-Europe (Ghent, Belgique) le 29 septembre, sous la forme d’une table ronde. Le lancement international suivra à la FAO (Rome, Italie) le 16 octobre, durant les négociations du Comité de la sécurité alimentaire mondiale.

Pour les questions relatives aux médias, veuillez contacter delrey@fian.org