RDC doit protéger les communautés affectées par les entreprises chinoises dans le Sud-Kivu

Quatre groupes de la société civile congolaise ont soumis aujourd'hui au Conseil des droits de l'homme des Nations unies un rapport parallèle sur l'examen périodique universel (EPU) mettant en lumière les violations des droits humains et les abus liés aux activités minières et à l'exploitation forestière illégale menés par Oriental Resources Congo, Congo Blueant Minéral, BM Global Business, Yellow Water Ressources, New Oriental Mineral et Regal Mining.

Les activités des entreprises chinoises alimentent l'accaparement des terres, la pollution et l'expulsion forcée des communautés de la chefferie de Wamuzimu, dans le territoire de Mwenga, au Sud-Kivu – une région affectée depuis longtemps par un conflit armé prolongé. Les communautés ont été victimes de multiples abus des droits humains affectant leur droit à l'alimentation et à la nutrition, leur droit à la terre, leur droit à la santé et leur droit au travail, pour n'en citer que quelques-uns.

Des groupes de la société civile, dont le Front Commun pour la Protection de l'Environnement et des Espaces Protégés, l'Association des Mamans Tonde-Tonde, l'Association des Femmes et Écologie et la Société Civile environnementale du Congo, dénoncent la faiblesse de la réponse et les pratiques corrompues des autorités de la RDC qui ont permis aux entreprises chinoises de piller le pays, aux dépens des communautés locales.

« Les entreprises doivent indemniser les familles dont elles ont pillé les terres en complicité avec les chefs coutumiers et les autorités provinciales et nationales », a déclaré un membre de la communauté.

« Elles doivent construire des puits dans toutes les zones où elles ont pollué l'eau des rivières, afin que les ménages puissent disposer d'une eau de qualité … et protéger les enfants des maladies transmises par l'eau », a déclaré un membre de la communauté.

Les communautés affectées ont perdu leurs moyens de subsistance et demandent au gouvernement de la RDC de s'attaquer aux abus des droits humains commis par les entreprises chinoises. Ceux-ci se sont produits en complicité avec les autorités congolaises à tous les niveaux, qui ne se sont pas conformés à leurs obligations en matière de droits humains.

« Le gouvernement congolais doit veiller à ce que les droits des personnes affectées par les six entreprises chinoises soient rétablis. Il doit également veiller à ce que les entreprises soient réglementées et à ce que les personnes impliquées dans les violations et abus des droits humains rendent des comptes », déclare Valentin Hategekimana, coordinateur pour l'Afrique à FIAN International.

Les actions de ces entreprises aggravent une situation d'urgence en RDC, qui compte le plus grand nombre de personnes au monde, confrontées à une insécurité alimentaire aiguë dans les zones de famine, selon l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO).

Lire le rapport parallèle de l'EPU sur la RDC ici.

Pour plus d'informations, veuillez contacter Tom Sullivan sullivan@fian.org ou Clara Roig Medina roig@fian.org

Les élevages de crevettes menacent les moyens de subsistance des communautés qui vivent de la pêche artisanale

FIAN International travaille avec des représentant-es des pêcheurs du Tamil Nadu pour mettre en lumière la situation de deux petites communautés à Chandrapadi et Chinnaikottaimedu, qui dépendent de la pêche traditionnelle en bateau.

Impact sur les moyens de subsistance et les droits humains

L'empiètement sur le territoire des élevages de crevettes depuis le début des années 1990 a entraîné une grave dégradation de l'environnement dans la région : les mangroves ont été défrichées et les estrans dragués pour construire des canaux artificiels, ce qui a perturbé des écosystèmes autrefois florissants.

L'expansion inconsidérée de l'élevage de crevettes a été associée à la contamination de l'eau, à la dégradation de la fertilité des sols, à la perte de moyens de subsistance, au refus d'accès aux zones de pêche, à des effets néfastes sur la santé, à des pénuries d'eau et à des perturbations sociales et culturelles.

« C'est un excellent exemple de la raison pour laquelle l'aquaculture est une fausse solution pour la sécurité alimentaire. Son expansion a dévasté la vie et les moyens de subsistance des communautés qui vivent de la pêche artisanale dans le monde entier et en particulier en Asie », déclare Yifang Tang, responsable des études de cas et de la recherche à FIAN International.

« L'aquaculture est très variée. Même des projets apparemment à petite échelle peuvent nuire à l'environnement et avoir un impact considérable sur le droit à l'alimentation et à la nutrition des communautés locales. »

Le gouvernement du Tamil Nadu n'a pas réussi à faire appliquer les lois existantes et à protéger les droits des communautés.

« Nous demandons aux services gouvernementaux de fermer les élevages de crevettes sur la base de la régulation de la zone de côtière (2019). Nous demandons également au gouvernement de l'État du Tamil Nadu de redistribuer les terres communes côtières aux communautés qui vivent de la pêche artisanale afin de sécuriser et de protéger l'environnement », déclare Jones T. Spartegus, du Réseau d'action côtière.

Le bilan humain de l'élevage de crevettes

La contamination des plans d'eau par le déversement de produits chimiques non traités a entraîné une réduction de la taille et de la qualité des poissons et des crustacés, menaçant ainsi la principale source d'alimentation des communautés de Chandrapadi et de Chinnakotaimedu.

La perte de terres agricoles au profit des élevages de crevettes a également perturbé les systèmes alimentaires locaux, obligeant les familles à acheter – plutôt qu'à cultiver – leur nourriture, ce qui affecte les revenus des ménages. Le refus d'accès aux zones de pêche et la perte des techniques de pêche traditionnelles ont entraîné des difficultés économiques pour les communautés qui vivent de la pêche artisanale.

Les communautés ont également subi des effets néfastes sur la santé, notamment des allergies et des maladies de peau qu'elles estiment liées à la pollution des élevages de crevettes.

La promotion des élevages de crevettes par l'État au moyen d'incitations financières et son incapacité à faire respecter ses propres réglementations soulignent l'urgence d'une action visant à protéger les droits humains et les moyens de subsistance de ces communautés qui vivent de la pêche artisanale.

Télécharger le document Impact de l’aquaculture de crevettes sur le droit à l’alimentation et à la nutrition en Inde Étude de cas de deux hameaux de pêcheurs du Tamil Nadu ici.

Pour plus d'informations ou pour des interviews avec les médias, veuillez contacter Clara Roig Medina roig@fian.org ou Tom Sullivan sullivan@fian.org.

Les entreprises doivent être tenues légalement responsables des crimes contre les droits humains et l’environnement

Les tentatives de certains États d’affaiblir les normes en matière de droits humains ne doivent pas aboutir lors de la huitième session du Groupe de travail intergouvernemental à composition non limitée sur les sociétés transnationales et autres entreprises commerciales respectueuses des droits de l'homme.

FIAN International fait part de sa solidarité avec des centaines de mouvements sociaux et d’organisations de la société civile à travers le monde appelant d’urgence à un traité possédant le pouvoir de protéger les paysan·ne·s, les petit·e·s agricult·rices·eurs, les peuples autochtones, les femmes, les pêcheu·ses·rs, les travailleu·ses·rs agricoles et les communautés qui subissent des abus et des préjudices de la part des entreprises.

« Il y a trop de lacunes dans le droit international qui permettent l’impunité des entreprises qui ont causé ou contribué à la perte et au préjudice des droits humains », a déclaré la représentante permanente de FIAN International auprès de l’ONU, Ana María Suárez Franco.

« Après huit ans de pourparlers, les gouvernements doivent maintenant se tenir fermement du côté des communautés affectées et faire avancer les négociations, compte tenu du besoin urgent de solutions mondiales ».

Il n’existe aucun cadre juridique mondial contraignant pour réglementer les activités et les chaînes de valeur des sociétés minières transnationales, de l’agro-industrie et d’autres entreprises ayant des antécédents atroces en matière de droits humains. Cette absence de terrain équitable permet à des entreprises peu scrupuleuses d’échapper à la justice en basculant d’une juridiction à une autre. Les entreprises exploitent souvent des situations où les protections juridiques sont plus faibles et affirment qu’elles n’enfreignent aucunes lois lorsqu’elles expulsent des personnes de leurs terres, détruisent leur environnement et leurs moyens de subsistance, voire causent des pertes de vie.

Les directives volontaires tels que les Principes directeurs des Nations Unies relatifs aux entreprises et aux droits de l'homme et des législations nationales comme la loi française sur le devoir de vigilance des sociétés transnationales ne suffisent pas à protéger les communautés et l’environnement des entreprises peu scrupuleuses. De nombreux États commencent à reconnaître la nécessité de règles contraignantes au niveau mondial.

Plusieurs cas récents – tels que la catastrophe du barrage de Brumadinho au Brésil, l’accaparement de terres liés aux ressources et industries en Inde et en Colombie ainsi que l’agro-industrie sapant les moyens de subsistance des petits exploitants en Zambie – démontrent la nécessite d’un ensemble solide de règles contraignantes afin de de garantir que les droits humains des peuples priment sur les intérêts économiques.

« Un traité international sur les sociétés transnationales et autres entreprises est essentiel pour gouverner les économies mondialisées », déclare Ayushi Kalyan, coordinateur de la responsabilité des entreprises de FIAN International.

« Un terrain juridique équitable combleraient les lacunes en matière de protection, permettant aux personnes d’avoir un meilleur accès à la justice et tiendraient les entreprises responsables de leurs droits humains et de leurs impacts environnementaux ».

Des propositions édulcorées

Plusieurs tentatives sont faites pour freiner les accords politiques vers la réalisation d’un traité contraignant. Des propositions informelles partagées avant les pourparlers de la semaine prochaine ont édulcoré plusieurs règles et normes essentielles en matière de droits humains, rendant futiles les progrès des négociations réalisés ces dernières années. Ceux-ci proposent des discours complètement nouveaux et négligent plusieurs contributions majeures de nombreux États.

« La marge discrétionnaire laissée aux États dans les propositions rend impossible l’établissement de règles du jeu équitables au niveau mondial pour la réglementation des sociétés transnationales et autres entreprises dans le droit international », déclare Ayushi Kalyan.

« Cela nous détourne de notre objectif d’établir une norme réglementaire commune à l’échelle mondiale à un moment où nous avons plus que jamais besoin de règles contraignantes qui tiennent les entreprises et les sociétés responsables des violations des droits humains. »

Une étude récemment publiée évaluant la complémentarité entre le traité des Nations Unies et une proposition de directives de l’Union Européenne sur le devoir de diligence en matière de développement durable des entreprises montre que même si les législations nationales et régionales sur le devoir de diligence sont importantes, elles ne suffisent pas. Tandis que la législation sur la diligence raisonnable s’inscrit du point de vue de l’entreprise, le processus du traité des Nations Unies vise à donner la priorité aux personnes et à la planète. Il se concentre sur la responsabilité, l’accès aux recours et les zones touchées par les conflits, comblant ainsi les lacunes en matière de protection et de réglementation.

Les intérêts des entreprises, ou les États déterminés à les défendre aux dépens des personnes, ne doivent pas être autorisés à détourner le Groupe de travail intergouvernemental à composition non limitée sur les sociétés transnationales et autres entreprises commerciales relatives aux droits de l’homme, comme cela s'est produit dans le passé avec des initiatives similaires.

Pour plus d'informations, contacte Ana María Suárez-Franco : Suarez-Franco@fian.org .

Pour en savoir plus sur le point de vue de FIAN sur les négociations du traité, lisez cet article publié par le Business and Human Rights Resource Centre.

FIAN lance un cours sur le droit à l’alimentation et à la nutrition en Afrique pour les activistes

Le programme d’études sur le droit à l’alimentation et à la nutrition en Afrique a été élaboré par des experts de l’université de Makerere en Ouganda. Un cours pilote a eu lieu à Kampala en décembre. Le cours couvre les questions environnementales, économiques, socioculturelles et politiques qui ont un impact sur le droit à l’alimentation et à la nutrition en Afrique sub-saharienne. Il introduit également une réflexion conceptuelle sur la manière de répondre aux besoins alimentaires et nutritionnels actuels et futurs de la région.

« Il s’agit d’un outil important pour la création et la formation d’un groupe de militant·e·s et de défenseu·ses·rs des droits humains qui peuvent contribuer à la réalisation du droit à l’alimentation et à la nutrition en Afrique », explique Valentin Hategekimana, le coordinateur Afrique pour FIAN International.

Le cours de cinq jours utilise des méthodes participatives et des techniques d’apprentissage par l'expérience qui s’appuient sur les connaissances et les expériences des participant·e·s. Bien que principalement destiné aux activistes et défenseu·ses·rs des droits humains, le cours est également ouvert aux participant·e·s issus du monde universitaire, du gouvernement, des organismes intergouvernementaux et du système judiciaire.

« Cette formation est liée à ma réalité quotidienne. Elle va influencer mon travail », a déclaré Charles Opiyo, un responsable des droits des semences d'Oxfam qui a suivi le cours en Ouganda, ajoutant que la capacité et la possibilité pour les agriculteu·se·rs de produire leur propre nourriture est un élément essentiel du droit à l'alimentation.

Cissy Ssempala, avocat et défenseur des droits humains ougandais, a également participé à la formation.

« J’ai appris que le droit à l’alimentation… va bien au-delà d’un texte de loi. C’est un moyen de subsistance qui englobe tellement de droits », dit-elle. « À l’avenir, dans ma pratique, je vais essayer de réfléchir à ce que j’ai appris ici et de l’intégrer. Cela va faire de moi une meilleure avocate des droits humains. »

 Les principaux objectifs du cours sont :

– Permettre aux participant·e·s de comprendre l’alimentation, la nutrition ainsi que le contenu juridique et les fondements de l’alimentation et de la nutrition en tant que droit ;

– Améliorer les connaissances des participant·e·s et renforcer leurs compétences pour assurer la réalisation progressive du droit à l’alimentation et à la nutrition en Afrique ;

– Identifier et discuter des problèmes affectant la réalisation du droit à l’alimentation et à la nutrition en Afrique et comment ceux-ci pourraient être surmontés ;

– Rassembler les militant·e·s et de défenseu·ses·rs des droits humains et créer un groupe de personnes habilitées à s’engager sur les questions de droit à l'alimentation et de nutrition en Afrique et à les aider à comprendre leur rôle dans la gestion des violations et des abus vis-à-vis des communautés affectées ;

– Partager les expériences et les meilleures pratiques pour la réalisation du droit à l’alimentation et à la nutrition en Afrique ; et

– Reconnaître la diversité d’expériences, de perspectives et de priorités en ce qui concerne le droit à l’alimentation et à la nutrition, et favoriser des espaces collectifs de collaboration basés sur le respect mutuel.

Pour plus d’informations, veuillez contacter Valentin Hategekimana, le coordinateur Afrique pour FIAN International, à l’adresse suivante: hategekimana@fian.org.

 

L’alimentation au centre de la réponse aux crises écologiques

Les politiques passées et actuelles ont traité les personnes et le reste de la nature comme deux sphères séparées et distinctes. Cette séparation artificielle a conduit à la domination et à l’exploitation du monde naturel par les humains, avec des conséquences environnementales et sociales désastreuses. Les actions des entreprises et du capitalisme financier conduisent à la destruction des écosystèmes, aux émissions de gaz à effet de serre et à l’expulsion des communautés de leurs terres. Faire face aux crises écologiques, affirme l’édition 2020, nous oblige donc à reconnecter la nature et les droits humains. L’alimentation, où notre lien qui nous unit à la nature est particulièrement évident, est le point de départ idéal pour y parvenir. 

Le système économique et politique mondial transforme les biens naturels en produits commercialisables et exploite le travail humain. Cela illustre le lien étroit entre la manière dont les sociétés exploitent les humains et la nature, mais aussi combien les mouvements pour la justice environnementale et sociale doivent travailler ensemble pour trouver des voies alternatives. L’Observatoire de cette année, « Renouer les liens entre l’alimentation, la nature, et les droits humains pour surmonter les crises écologiques » appel à une refonte des modes de production, de distribution et de consommation alimentaires – si nous voulons reprendre le contrôle et transformer radicalement nos sociétés. 

L’édition de 2020 illustre comment les crises sociales, politiques et écologiques profondes se résument aux mêmes facteurs systémiques. Les articles abordent des questions cruciales de notre époque, du rôle déclencheur de l'agriculture industrielle de maladies comme COVID-19 à la centralité du foncier dans nos réponses à l’éco-destruction, en passant par le végétalisme comme l’un des courants actuels les plus importants pour lutter contre le changement climatique.

Le numéro met de l’avant : 

  •  La fracture entre l’évolution du droit international des droits humains et le développement du droit environnemental reflète la séparation entre les sociétés humains et le reste de la nature. 
  • La pandémie COVID-19 met en lumière les problèmes du système alimentaire industriel, qui est responsable de la perte de biodiversité et de la création des conditions idéales pour l’émergence de nouveaux agents pathogènes et de leur transmission de l’animal vers les humains.
  •  Le foncier et le contrôle des ressources naturelles sont essentiels pour atténuer les effets du changement climatique, réduire les émissions, protéger les écosystèmes et garantir la justice sociale.
  • L’agroécologie et les développements récents du droit international apportent des portes d’entrée pour des solutions réelles aux crises écologiques, en s’appuyant sur les pratiques et les innovations des communautés locales.
  • La convergence entre les mouvements sociaux renforce les propositions de changement systémique pour lutter contre les crises interdépendantes.
  •  Le végétalisme est un mouvement éthique et politique en croissance motivé par des raisons environnementales, mais qui ne peut être considéré comme une « solution universelle » pour lutter contre le changement climatique, étant donné les différents contextes socio-économiques et culturels. 

Télécharger « Renouer les liens entre l’alimentation, les nature et les droits humains pour surmonter les crises écologiques ».

Pour les questions relatives aux médias, veuillez contacter delrey@fian.org 

La séparation des humains du reste de la nature est au cœur des crises écologiques

Alors que des millions de personnes se mobilisent à travers le monde en exigeant une action urgente pour répondre à la crise climatique, il est temps de mettre à plat notre relation sociétale avec la nature. Malgré notre lien profond avec le reste de notre environnement, la pensée et les actions des sociétés occidentales modernes, y compris l'élaboration de politiques, abordent les humains et le reste de la nature comme deux sphères séparées et indépendantes. Mais le réchauffement climatique et l’extinction massive nous obligent à opérer un changement radical.

La transformation de nos systèmes alimentaires vers l’agroécologie sera une stratégie fondamentale pour répondre aux crises écologiques actuelles. L’Observatoire du droit à l’alimentation et à la nutrition de cette année rappelle le rôle central de l’alimentation pour corriger notre trajectoire. « L’alimentation rend le lien qui nous unit à la nature particulièrement évident. […] La production alimentaire et l’accès à une alimentation nutritive, saine et culturellement adéquate repose sur l’existence d’écosystèmes fonctionnels mais aussi sur notre capacité à reconnaître les droits humains et la valeur intrinsèque de tous les autres êtres vivants, les animaux, les plantes et même les microorganismes. L’alimentation non seulement nous maintient en bonne santé et nous permet de nous défendre contre des menaces globales comme la pandémie du COVID-19, mais elle est également un constitutif de notre nature humaine en tant qu’êtres sociaux » indique le numéro. 

L’édition 2020 est lancée à l'occasion de la Journée mondiale de l’alimentation, le 12 octobre, et aborde des questions cruciales de notre époque, du rôle déclencheur de l'agriculture industrielle de maladies comme COVID-19 à la centralité du foncier dans nos réponses à l’éco-destruction, en passant par le végétalisme comme l’un des courants actuels les plus importants pour lutter contre le changement climatique.

Les articles de ce numéro appellent à une refonte des modes de production, de distribution et de consommation alimentaires – si nous voulons reprendre le contrôle et transformer radicalement nos sociétés –, mais aussi de nos résistances collectives à l’exploitation de la nature. 

À l’heure où de millions de personnes demandent d’agir pour arrêter le réchauffement climatique, cette édition souligne l’importance de renforcer la convergence entre les mouvements pour la justice climatique, la souveraineté alimentaire et les droits humains. La reconnaissance des droits des paysan-ne-s, des peuples autochtones et de toutes les communautés qui prennent soin des écosystèmes locaux et produisent une alimentation durable à travers l’agroécologie doit être au cœur de la solution. 

Pour les questions relatives aux médias, veuillez contacter delrey@fian.org 
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Les politiques publiques du Honduras enfreignent les droits économiques, culturels et sociaux

A l’aube de la 58ème session du Comité des droits économiques, sociaux et culturels (Comité DESC) débutant aujourd’hui, la plateforme EPU (Plataforma EPU en espagnol) a présenté un rapport alternatif en marge du rapport de l’État du Honduras qui doit être examiné par le Comité, dans le cadre de l’Examen Périodique Universel. 

Il en ressort que les politiques économiques et les modèles de développement de l’industrie extractive contreviennent aux droits humains, y compris au droit à l’alimentation et à la nutrition, criminalisent fortement les défenseurs de droits humains et multiplient les inégalités et les violences envers les femmes et les filles. Tout cela dans un contexte de pauvreté extrême et de répartition inégale des richesses, menant une grande partie de la population à la malnutrition. 

Le rapport alternatif dévoile que les projets sont attribués sans le consentement préalable, libre et informé des communautés affectées, y compris sur les territoires indigènes et ancestraux, en violation de la Convention 169 de l’Organisation internationale du Travail. Toujours selon le rapport, de nombreuses concessions ont été accordées à des projets hydroélectriques et miniers dans des zones sacrées ou vitales à la subsistance pour les communautés locales. 

Les communautés paysannes, de plus en plus confrontées à des expulsions forcées, subissent un sort semblable. Le conflit agraire de Bajo Aguán illustre bien la situation : cela fait plus de 10 ans que plusieurs communautés paysannes luttent pour accéder à et récupérer leurs terres, acquises illégalement par des propriétaires fonciers. Un tel modèle de développement s’oppose à la jouissance des droits humains et cette situation démontre aussi le degré de violence, d’intimidation et de criminalisation auxquels les défenseurs de droits humains s’exposent. 

Les défenseurs des droits relatifs à l’environnement, à la terre et à la nutrition sont régulièrement criminalisés et harcelés. En atteste le meurtre de Berta Cáceres, une dirigeante indigène Lenca reconnue, défenseuse des droits humains et coordinatrice générale du COPINH (Conseil civique des organisations populaires et indigènes du Honduras), le 2 mars dernier. Et il ne s’agit malheureusement pas d’un cas isolé – le Honduras est l’un des pays les plus dangereux pour les défenseurs de droits humains. « Cela démontre que les mécanismes disponibles à leur protection au Honduras sont insuffisants. La très grande majorité des violations à leur encontre reste impunie », constate le rapport.

Les inégalités et la violence envers les femmes est systématique et structurelle, les empêchant d’exercer leurs droits civils, politiques, économiques, sociaux et culturels et de pouvoir mener une vie digne. « Le climat de peur dans les sphères à la fois publique et privée et l’impunité des violations de droits humains sont la règle, non l’exception », confirme le rapport. 

Cette situation perdure dans un contexte de pauvreté très largement répandue et de répartition inégale des richesses, avec des conséquences sérieuses sur le droit à l’alimentation et à la nutrition des Honduriens. On estime à 12,1% la part de la population sous-alimentée et à 1,4%, 5%, 10% et 31% les parts des enfants de moins de 5 ans souffrant de malnutrition sévère, d’obésité, de malnutrition générale et de retard de croissance. La situation est particulièrement grave chez les groupes marginalisés tels que les communautés indigènes, où 95% des moins de 14 ans souffrent de malnutrition. 

Vous pouvez télécharger le rapport ici (en espagnol). 

En coopération avec d’autres organisations, Peace Brigades International (Les Brigades de Paix Internationales), International Platform against Impunity et FIAN International organisent une table ronde sur l’application des mesures et des mécanismes pour la protection des défenseurs des droits économiques, sociaux et culturels au Honduras. L’événement aura lieu à Genève le 6 juin à 18h30. Vous trouverez plus d’informations ici

FIAN International organisera également un événement intitulé Who is accountable for hunger? (Qui est responsable pour la faim?) le 8 juin à 18h00, qui se penchera sur la réalisation du droit à l’alimentation et à la nutrition au Burkina Faso, au Honduras et en Suède. Vous trouverez plus d’informations ici

NOTES AUX REDACTEURS:

  • Le rapport a été préparé dans le cadre de la Plateforme EPU qui compte 54 mouvements sociaux et organisations de développement et de droits humains au Honduras. FIAN Honduras, l’EMIH (Equipo de Monitoreo Independiente de Honduras), le Foro de Mujeres por la Vida, l’Asociación LGTB Arcoiris de Honduras, et le Movimiento Amplio por la Dignidad y la Justicia (MADJ) y ont contribué.
  • La Plateforme EPU a vu le jour en 2014 avec l’objectif de coordonner le travail de plaidoyer d’organisations de la société civile du Honduras pour le 2ème Examen Périodique Universel de l’État du Honduras devant le Conseil des droits de l’Homme des Nations Unies.

     

Une fois encore : NON à  » l’agriculture intelligente face au climat « 

 » L’agriculture intelligente face au climat  » est définie par l’Organisation pour l’Alimentation et l’Agriculture (FAO) comme une approche pour réorienter les systèmes agricoles en vue de soutenir efficacement et durablement le développement et la sécurité alimentaire face au changement climatique. Malgré les vives critiques formulées par les différents acteurs de la société, notamment par la communauté scientifique,  » l’agriculture intelligente face au climat  » maintient toujours une image très positive auprès des décideurs politiques. Approuvée par plus de 320 groupes de la société civile, la déclaration d’aujourd’hui est un nouvel appel lancé contre l’Alliance mondiale pour une agriculture intelligente face au climat.

La déclaration fait écho à une opinion antérieure qui juge la définition de  » l’agriculture intelligente face au climat  » trop étendue et vague pour être bénéfique ; d’autant plus que la définition rend possible le recours à des pratiques nuisibles. Il n’y a pas de critères qui définisse ce qui est ou non  » intelligent « . Dans ce contexte, les entreprises agro industrielles qui prônent l’utilisation d’engrais synthétiques, la production de viande industrielle, et l’agriculture industrielle à grande échelle, pratiques toutes largement reconnues comme contribuant au changement climatique et nuisant à la résilience des systèmes agricoles, peuvent se targuer (et elles le font) de fournir des réponses  » intelligentes  » au changement climatique. Par ailleurs, la déclaration fait remarquer que la structure de gouvernance de l’Alliance mondiale pour une agriculture intelligente face au climat est imprécise, ce qui engendre en conséquence de graves problèmes de responsabilité.

Alors que les dirigeants du monde entier s’apprêtent à signer un nouvel accord à l’occasion de la COP 21, la déclaration appelle les décideurs politiques à se concentrer sur des solutions qui remédient véritablement aux problèmes de la crise alimentaire et climatique, telles que l’agroécologie, qui devrait être le pilier dominant de toute politique agricole à travers le monde. A cet égard, la société civile exhorte les gouvernements à s’abstenir d’avaliser  » l’agriculture intelligente face au climat  » et également de financer des projets ou des programmes qui y sont affiliés.

La déclaration récemment publiée est la troisième venant d’une alliance toujours grandissante d’organisations de la société civile qui s’oppose à l’Alliance mondiale pour une agriculture intelligente face au climat. FIAN International, conjointement avec une longue liste de signataires, comprenant notamment le plus grand mouvement paysan au monde : La Via Campesina, la CIDSE, Greenpeace, Les Amis de la Terre, a également signé la déclaration.

  » Si l’Alliance et son concept devaient être légitimés par les gouvernements comme la meilleure façon de transiter vers des systèmes alimentaires durables, et être intégrés pleinement dans tous les accords internationaux et forums, cela constituerait une grave menace pour l’avenir de l’alimentation et de l’agriculture mais aussi pour celui de notre planète,  » prévient le secrétaire général de la CIDSE, Bernd Nilles.

Veuillez consulter la déclaration complète.

Cliquez ici pour lire les dernières lettres rédigées par les organisations de la société civile contre  » l’agriculture intelligente face au climat « .

Les perspectives des femmes concernant l’impact des activités minières sur le droit à l’alimentation

Un nouveau rapport par FIAN international, intitulé « Les perspectives des femmes concernant l’impact des activités minières sur le droit à l’alimentation » met en lumière la situation précaire des femmes et des enfants des communautés touchées par l’exploitation minière et le déplacement à Essakane, au Burkina Faso, par rapport à leur droit humain à l’alimentation adéquate et nutrition.

En 2009, à la suite des activités minières de la société minière canadienne IAMGOLD, 13 communautés situées dans Essakane, au nord du Burkina Faso, ont été déplacées et réinstallées dans d’autres domaines en dehors de la zone minière. Depuis lors, FIAN International et FIAN Burkina Faso ont accompagné les communautés déplacées dans leurs efforts pour réclamer leur droit à l’alimentation adéquate et nutrition. 

Dans le but de continuer à soutenir les communautés de la région d’Essakane pour exiger leurs droits humains et de tenir le gouvernement du Burkina Faso responsable des obligations qu’il a contractées en vertu des droits humains, FIAN a documenté les perspectives des femmes quant à l’impact de l’exploitation minière et leur déplacement, sur leur le droit à l’alimentation adéquate et à la nutrition. Tout au long de 2014, discussions de groupe ainsi que des enquêtes individuelles ont été réalisées avec des femmes dans la région, visant à explorer (1) les droits sexuels et reproductifs des femmes; (2) le droit des femmes d’accès aux ressources naturelles et productives; (3) le droit des enfants à l’éducation; (4) Le droit des enfants à la santé; (5) le droit des femmes d’être libre de la violence sexiste; et (6) le droit des femmes à un recours effectif et aux mécanismes de reddition de comptes.

Les résultats de recherche démontrent la situation précaire par rapport aux droits des femmes à Essakane, qui peuvent avoir un impact significatif sur le droit à l’alimentation adéquate et nutrition des enfants dans ces communautés. L’impact de ces menaces et des violations des droits humains est encore aggravée par l’abandon des hommes de la famille qui quittent pour chercher du travail dans d’autres sites miniers et souvent ne reviennent pas, ainsi que par la société patriarcale dans laquelle les femmes se trouvent. En se fondant sur ces recherches, une série de recommandations à l’Etat du Burkina Faso et à la société civile sont faites à la fin de ce rapport. En plus, les conclusions du rapport s’appuient sur plus de cinq années de travail avec les communautés à Essakane, au cours desquelles FIAN a recueilli des informations sur les violations des droits humains à partir d’un large éventail de sources, y compris des enquêtes sur le terrain, et des réunions et correspondance avec les dirigeant-e-s communautaires, des responsables gouvernementaux, et représentant-e-s de l’entreprise.

Les résultats sont maintenant disponibles dans un rapport publié par FIAN International et FIAN Burkina Faso, avec le soutien financier de Terre des Hommes Allemagne.