Une tournée européenne attire l’attention sur la violence à l’encontre des communautés Guarani-Kaiowá

FIAN International, ensemble avec le Conseil indigène missionnaire (CIMI) du Brésil, a accompagné le leader Guarani-Kaiowá Eliseu Lopes de la communauté de Kurusu Amba lors d’une tournée européenne afin d’attirer l’attention de la communauté internationale sur la violence qu’endurent les Guarani-Kaiowás depuis plus de 40 ans. Le gouvernement brésilien manque en effet à ses obligations internationales en matière de droits humains.

Eliseu Lopes, 36 ans, a pris part à la 27e session du Conseil des Droits de l’homme des Nations Unies (UNHRC) à Genève (Suisse) et a rencontré les Rapporteurs spéciaux des Nations Unies sur les droits humains des peuples autochtones, sur le droit à l’alimentation et sur la situation des défenseurs des droits de l’homme.

Devant le Conseil des droits de l’homme, l’organe des Nations Unies dédié à la promotion et à la protection des droits humains dans le monde entier, Eliseu a déclaré que  » la décision incohérente prise par le gouvernement brésilien d’arrêter le processus de démarcation [des territoires des Guarani-Kaiowá] sous couvert d’un ‘dialogue’ n’a fait que renforcer directement les conflits dans toutes les régions « .

Lopes a affirmé que la composition politique du gouvernement actuel et les négociations de celui-ci avec le secteur raciste et violent de l’agrobusiness a résulté en une violence accrue sans précédent à l’encontre des communautés indigènes au Brésil. Il a donné l’exemple de certaines communautés dont plusieurs membres ont été tués par des officiers de la police fédérale, d’autres ont été assassinés par des bûcherons et des gardes forestiers, d’autres encore ont dû faire face à des envahisseurs. Il a aussi donné des exemples d’enfants décédés suite à une alimentation insuffisante.

En Belgique, la délégation a rencontré plusieurs membres du Parlement européen (MEPs), dont des membres de la Sous-Commission des droits de l’homme et traitant des relations avec le Brésil, ainsi que des représentants du Service européen pour l’action européenne (EEAS), qui se sont engagés à assurer le suivi de la question de la démarcation des terres au Brésil.

La délégation a également rencontré la mission du Brésil auprès de l’Union européenne pour dénoncer le manque d’action par les autorités brésiliennes. Cependant, Lopes a déclaré qu’il ne s’agit pas là d’un nouveau problème pour le Brésil.

Encore aujourd’hui, des territoires autochtones sont envahis aveuglement et le gouvernement brésilien ne fait rien pour donner effet à son obligation constitutionnelle. Lopes a ajouté  » [les Guarani-Kaiowás] ne peuvent pas supporter l’indifférence du gouvernement brésilien  » qui semble  » incapable de les protéger  » alors qu’ils sont en pleine crise humanitaire.

 » Ils envahissent nos terres aujourd’hui, le gouvernement ne fait rien ; des titres sont imposés demain, ils nous chassent de notre territoire, le gouvernement ne fait rien ; et après-demain ils disent que ces terres leur appartiennent. Et mon peuple ? Il vit sous des toiles noires sur le bord de la route, et le gouvernement ne fait rien. On n’en peut plus « , déplore Lopes.

De manière générale, la tournée européenne a été très productive et a permis  d’attirer l’attention sur les graves violations commises à l’encontre des droits fondamentaux individuels et collectifs des Guarani-Kaiowás au Mato Grosso do Sul, Brésil. Les prochaines étapes incluent le suivi de près de leur cas par les Rapporteurs spéciaux des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones et sur le droit à l’alimentation.

Voyez des images de la tournée européenne

Lisez ci-dessous la déclaration de Eliseu Lopes (disponible en espagnol)

European Tour sur le Guarani-Kaiowá commence en Genève

Genève, Bruxelles, Heidelberg – le 16 septembre 2014 : Pour la deuxième année consécutive, aujourd’hui marque le début d’une tournée de deux semaines en Europe d’une délégation des communautés Guarani-Kaiowá du Brésil. La délégation se compose de Flávio Vincente Machado – coordinateur du Conseil missionnaire indigène (CIMI), région du Mato Grosso do Sul – et du leader Eliseu Lopes – de la communauté de Kurusu Amba, membre du  » Movimento Aty Guasu  » (la plus haute autorité traditionnelle des Guarani-Kaiowá) et de l’  » Association des peuples autochtones du Brésil – APIB « .

Les communautés des Guarani-Kaiowá aspirent depuis plus de 40 ans à retrouver leur territoire ancestral et, dès lors, pouvoir vivre en accord avec leur culture et leurs traditions, loin de la faim, de la malnutrition et de la pauvreté. C’est une lutte pour le respect de leur droit à l’alimentation et de leurs autres droits fondamentaux.  » Même sous la persécution, et dans des conditions de misère, notre combat ne s’arrêtera pas, nous continuerons à réclamer nos droits « , déclare Eliseu Lopes, membre de la délégation des Guarani-Kaiowá.

Au cours de sa tournée européenne, la délégation va rencontrer des hautes autorités à Genève (17-19 septembre) et à Bruxelles (20-24 septembre) pour rendre visible la violence que les communautés endurent suite à leur combat pour le droit à leur territoire. Les représentants vont sensibiliser les organes politiques de l’Union Européenne sur l’application des Directives de l’UE sur les défenseurs des droits humains, chercher du soutien pour la lutte des Guarani-Kaiowá, et conscientiser les citoyens européens.

Eliseu Lopes fera une déclaration orale à l’occasion de la 27ème session du Conseil des droits de l’Homme, dont une réunion est dédiée au droit des peuples autochtones. La délégation participera ensuite à un événement parallèle, intitulé :  » la lutte des Guarani-Kaiowá du Brésil pour leur territoire et contre la faim « , co-organisé par FIAN international, CIMI, Franciscans International, et Swiss Church Aid (HEKS). La délégation rencontrera des représentants des missions permanentes et les équipes des Rapporteurs spéciaux sur le droit à l’alimentation et sur les défenseurs des droits humains, entre autre, ainsi que des représentants de la société civile.

A Bruxelles, les principales activités se concentreront sur des événements publics et des débats avec les citoyens belges/européens (suite à la projection du documentaire sur les Guarani-Kaiowá intitulé :  » La face cachée des agrocarburants « , ainsi que des rencontres avec des organisations non-gouvernementales et avec les médias. La délégation présentera également son cas devant des membres du Parlement européen et des représentants du Service européen d’action extérieure (EEAS).

Communiqué de presse émis par le CIMI et FIAN International.

Voir ci-dessous pour plus d’informations

Site CIMI Site FIAN Belgique

Agir à Genève pour le droit à l’alimentation dans les pays du Sud

Ce guide donne des moyens simples et concrets afin de lutter en faveur du droit à l’alimentation par l’envoi de lettres-types détachables à adresser à ses autorités, à sa banque, à son assurance, et à sa caisse de pension. Il donne aussi quelques pistes pour changer sa propre manière de vivre afin de tendre vers un monde plus juste et solidaire en commençant par se changer soi-même.

Publié par FIAN Suisse, novembre 2013