Ma terre – c’est ma vie! La Caravane ouest africaine atteint Dakar

Au nom de la Caravane, Samba Gueye, Président de l’organisation sénégalaise CNCR , a transmis le Livret vert de la Convergence au Secrétaire général du Ministère de l’Intégration sénégalais.  » Tous les jours les communautés sont empêchées à accéder aux terres et eaux parce que ces ressources sont privatisés. Protéger les droits des exploitants familiaux, garantir leurs accès à la terre, à l’eau et aux semences paysannes, est un impératif pour la paix », déclare Ibrahima Coulibaly, Président de la coordination nationale des organisations paysannes du Mali (CNOP).

La Caravane appelle les gouvernements ouest-africains à protéger les ressources naturelles contre l’exploitation des entreprises transnationales et d’autres acteurs. C’est aussi cet appel que relaie le Livret vert de la Convergence. Sous le slogan « Ma terre – c’est la vie! », participants et partisans de la Caravane exhortent les gouvernements à soutenir les petits exploitants agricoles et pêcheurs, les femmes et les jeunes dans leur lutte pour l’accès aux ressources naturelles et au contrôle de ces dernières.

Partie du Burkina Faso le 3 mars dernier, la Caravane a réuni plus de 200 participants de 15 pays de la région, et s’est fait connaître de milliers de personnes de par des événements locaux et des médias régionaux et internationaux.  » Nous sommes la Caravane de la paix, de l’intégration des peuples à la CEDEAO, pour un développement participatif, inclusif et durable « , a déclaré Massa Koné, porte-parole de la Convergence malienne contre l’accaparement des terres (CMAT).

Organisé par la Convergence globale des luttes pour la terre et l’eau, cet événement fait suite à la Déclaration  » Livret vert de la Convergence est un outil développé par la Caravane, reprenant à la fois les demandes aux autorités et les solutions alternatives proposées concernant les politiques liées à la terre, à l’eau et aux semences en Afrique de l’Ouest.

Consultez la Déclaration « Droits à la terre et à l’eau, une lutte commune 

La Déclaration peut également être signée ici

Les informations en temps réel sur la Caravane sont consultables sur les réseaux sociaux: FacebookTwitter Flickr Youtube

POUR PLUS D’INFORMATIONS sur la Caravane, contactez Philip Seufert Seufert@fian.org

Le Mali accueillera le prochain Dialogue Global

Quelques semaines après la dernière session à Dhaka, au Bangladesh, le prochain Dialogue global sur le Droit à l’alimentation adéquate et à la nutrition atterrit à Bamako, qui échangera avec des représentants gouvernementaux et des organisations de terrain de la région de l’Afrique de l’Ouest. Cet événement, organisé par la Coordination Nationale des Organisations Paysannes (CNOP) en collaboration avec le Centre for Equity Studies (CES) et FIAN International, servira de plate-forme pour le partage et la construction de connaissances en matière de lutte contre la faim et de droits humains.

Durant deux journées consécutives à partir du 28 juin, des efforts et développements politiques sur la thématique du droit à l’alimentation adéquate et à la nutrition au Brésil, en Inde, au Mali et dans d’autres pays de l’Afrique de l’Ouest seront présentés et discutés. Après le coup d’envoi donné par le Ministère d u développement rural du Mali, la première journée se penchera notamment sur la présentation de stratégies visant à s’attaquer à l’insécurité alimentaire et nutritionnelle au Mali ainsi que sur les lois et programmes qui ont réussi au Brésil et en Inde.

Le Brésil et l’Inde représentent deux expériences distinctes en termes d’efforts significatifs des États pour avancer dans la réalisation progressive du droit humain à l’alimentation et à la nutrition. Leurs exemples peuvent dès lors être instructifs pour d’autres. Le Brésil et l’Inde ne seront pas présentés comme des modèles d’émulation, mais plutôt comme sources indiquant des choix réalisables quand des pays travaillent sur des politiques et programmes visant à garantir la sécurité alimentaire.

Les participants joueront un rôle majeur lors de la deuxième journée qui sera consacrée à un échange de vues sur les questions stratégiques, telles que « les défis majeurs relatifs à la sécurité alimentaire et nutritionnelle dans votre pays » et « la mesure dans laquelle les expériences brésilienne et indienne fournissent des orientations pour s’attaquer à la faim et la malnutrition ».

La participation du Gouvernement malien ainsi que de la Convergence malienne contre les accaparements des terres (CMAT) constitue une occasion unique de débattre et de construire des connaissances autour des efforts politiques du pays pour garantir la sécurité alimentaire et pour marquer ce prochain Dialogue global.

Pour plus d’informations, veuillez contacter delrey[at]fian.org

Droit à l’eau et à la terre, une lutte commune en Afrique de l’Ouest

L’eau et la terre sont des ressources naturelles vitales et une partie de notre patrimoine commun. Leur conservation et leur gouvernance doivent être surveillées et conservées par les communautés pour le bien commun de nos sociétés ; néanmoins des facteurs externes viennent de plus en plus contrarier le rôle de ces communautés. Cette tendance est caractéristique en Afrique sub-saharienne, et ce malgré environ 70 pour cent de la population dépendant de l’agriculture familiale et paysanne. Avec l’objectif de construire des stratégies et de renforcer l’action des mouvements sociaux et des organisations locales, FIAN International soutiendra la   » Conférence sous régionale – Afrique de l’Ouest – sur la Convergence des Luttes pour la terre et l’eau » à Nyéléni, Mali, le 25-27 Juin.

Bien que l’accès et le contrôle des ressources naturelles est largement déterminé par les structures de pouvoir locales et nationales, ceux-ci ont aussi une composante internationale importante. Les accords commerciaux et les investissements, les projets de développement internationaux et les activités des sociétés transnationales (STN) sont devenus des facteurs de plus en plus importants et des plus nocifs pour les ressources naturelles dans le monde entier ; notamment en Afrique. Ce faisant, ces facteurs internationaux ont souvent renforcés des structures de pouvoir inégales existantes et ont contribué à la marginalisation de groupes de population défavorisées tels que les femmes, les enfants et les communautés. L’accaparement de la terre et de l’eau sous toutes ses formes est devenu un phénomène mondial.

En réponse aux menaces croissantes sur les moyens de subsistance de millions de personnes, des communautés locales et des organisations du monde entier résistent et luttent contre le système actuel en affirmant leurs droits et en présentant des solutions alternatives et adéquates. Les exemples passés incluent le rassemblement de Dakar en Octobre 2014; et la déclaration de Dakar à Tunis, dans laquelle le dialogue continu des mouvements sociaux et des organisations de la société civile a contribué à la construction d’une convergence mondiale des luttes pour la terre et l’eau.

Dans la continuité des débats antérieurs, la conférence offrira une plateforme pour partager les expériences de luttes pour la terre et l’eau dans plusieurs pays ouest-africains. L’objectif sera d’identifier et d’analyser les dynamiques principales, ainsi que d’étudier de manière approfondie les processus et les instruments pertinents, à la fois internationaux et régionaux. L’échange de vues et les discussions seront une opportunité pour la réflexion et l’élaboration de stratégies de mobilisation dans ces processus sous-régionaux et également pour la formation d’une plate-forme de la convergence mondiale des luttes pour la terre et l’eau en Afrique de l’Ouest qui touche et impacte les politiques nationales.

La conférence est organisée par la Coordination Malienne contre l’Accaparement des Terres (CMAT), la Coalition pour la Protection du Patrimoine Génétique Africain (COPAGEN), le Conseil National de Concertation et de Coopération des Ruraux Sénégal (CNCR), la Synergie Paysanne Bénin (SNYPA) et Floraison. La conférence peut compter sur le soutien du Réseau des organisations paysannes et de Producteurs de l’Afrique de l’Ouest (ROPPA), La Via Campesina, le Forum mondial des populations de pêcheurs (WFFP), COCIDES, FIAN International, GRAIN, Transnational Institute (TNI ), la Coopération pour le Développement des Pays Emergents (COSPE) et Terra Nuova.

Pour questions relatives aux médias, veuillez contacter: seufert[at]fian.org ou  delrey[at]fian.org 

L’accaparement des terres au Mali au regard du droit à l’alimentation

Du 25 Novembre au 05 Décembre 2013, FIAN International a entrepris une mission de recherche au Mali dans la région de Ségou . Cela a été fait à la demande des collectivités touchées par l’accaparement des terres , et la convergence malienne contre l’accaparement des terres ( CMAT – Convergence Malienne contre l’ accaparement des Terres ) .

Un dossier de cas a été préparée par Timothé Feodoroff (TNI ) basée sur une étude réalisée par Philip Seufert et Valentin Hategekimana intitulé « Accaparement des terres et Droits Humains au Mali » , un rapport détaillé sur les conclusions de la visite de FIAN qui utilise les Directives sur le foncierde la FAO pour analyser trois cas de l’accaparement des terres et de surveiller la gouvernance de la tenure à partir d’une perspective des droits humains.

Ce dossier de cas est disponible en anglais et en français .

FIAN exprime sa préoccupation concernant la sécurité alimentaire pour des communautés au Mali

Dans cette lettre, FIAN International communique sa profonde préoccupation concernant trois cas de conflits fonciers dans la région de Ségou, à savoir les cas de Sanamadougou/Saou, Sansanding et San. FIAN a réalisé une visite de recherche au Mali du 25 novembre au 5 décembre 2013 afin de s’enquérir de la situation. Cette visite s’est effectuée à la demande des communautés affectées à travers la Convergence Malienne contre l’Accaparement des Terres (CMAT). FIAN a déjà suivi l’évolution des trois cas depuis plusieurs années, en étroite coopération avec ses partenaires nationaux.

FIAN a constaté une situation inquiétante sur place qui requiert des actions immédiates de la part des autorités maliennes. Concrètement, la mission a pu constater une situation d’insécurité alimentaire suite à la perte d’accès à la terre, la perte d’accès à l’eau dans certaines communautés, des irrégularités concernant l’attribution des terres, y compris manque d’information et de participation de la population locale, un phénomène inquiétant d’exode rural, de graves problèmes de santé et des entraves à la libre circulation, et une utilisation excessive de force par les gendarmes dans le contexte des conflits fonciers.

Face à cette situation, et considérant les obligations de l’Etat du Mali en matière des droits humains, FIAN demande à l’Etat malien d’adopter les mesures nécessaires pour protéger les droits des communautés et pour éviter toute répétition des violations de leurs droits. FIAN demande également au président Ibrahim Boubacar Keïta de veiller à ce que la commission interministérielle et la commission technique mis en place pour gérer les doléances des populations affectées doivent agir dans ce sens.

Les résultats détaillés de la visite de FIAN et une analyse basée sur les droits humains seront publiés sous forme d’un rapport en 2014.

Voir ci-dessous la lettre ouverte au président malien

Mali: des paysans arrêtés lorsqu’ils travaillent sur des terres accaparées

Le cas des communautés de Sanamadougou et de Saou doit être vu dans le contexte d’un processus plus ample d’accaparements de terres au Mali, et particulièrement dans la zone de l’Office du Niger. La plupart de ces projets d’investissements sont réalisés avec le soutien de l’Etat malien qui, dans beaucoup de cas, donne en bail des terres qu’il considère les siennes. Selon des études, jusqu’à 85 % des terres arables maliennes ont été cédées en bail ou ont fait l’objet de négociations. Environ 70 % des Malien travaillent dans l’agriculture et le pays dépend fortement de l’agriculture familiale qui nourrit 80 % de la population. Dans la zone de l’ON, l’agriculture familiale représente 56 % de la superficie cultivée. Les communautés paysannes dépendent entièrement de l’agriculture qui est leur seul moyen de subsistance.

Les arrestations de la semaine dernière arrivent à un moment important pour la lutte des paysans maliens pour leurs terres: le 3 mai, les plaintes des villages de Sanamadougou et de Saou étaient censés de passer en jugement au tribunal de Markala. Le même jour, un autre cas d’accaparement de terres dans la zone devait être jugé, déposé par la communauté de Sansanding.

FIAN a écrit une lettre ouverte au Premier ministre du Mali sur le sujet.

************************

Dr. Cheick Modibo Diarra
Premier Ministre de la République du Mali
Primature
Bamako, Mali

Heidelberg, le 2 mai 2012

Monsieur le Premier Ministre,

FIAN est une organisation internationale qui travaille pour la promotion et la défense des droits humains, et en particulier du droit à l’alimentation. FIAN est une organisation à but non-lucratif qui n’a aucune affiliation religieuse ou politique et qui est active dans plus de 50 pays à travers le monde. Elle possède le statut consultatif auprès l’Organisation des Nations Unies et de la Commission africaine des droits de l’Homme et des peuples.

En tant que Secrétaire général de FIAN, je me permets de vous écrire à propos de la situation préoccupante des paysannes et paysans maliens dans la zone de l’Office du Niger (ON). FIAN a reçu des nouvelles inquiétantes sur la situation des habitants des villages de Sanamadougou et Saou, commune rurale de Sibila, région de Ségou. À l’approche de la campagne agricole, le 23 avril 2012 précisément, plusieurs paysannes et paysans se sont rendus dans leurs champs pour préparer le sol, mais ils ont été menacés par des coups de feu tirés en l’air par une personne étrangère au village. Huit personnes de la communauté ont été interpellées, dont trois ont été arrêtées et amenées à la brigade de gendarmerie de Markala. Une des personnes arrêtées était le chef de village. Après avoir été enfermés et interrogés, les villageois ont été relâchés au cours de la soirée avec l’obligation pour le chef de village de se rendre à nouveau à la gendarmerie le lendemain.

Ces arrestations s’inscrivent dans une suite d’événements au cours desquels les habitants de ces communes se sont vus empêchés d’accéder à leurs terres qui constituent leur unique moyen de subsistance. Selon nos sources, les terres où les arrestations se sont produites ont été accaparées par la Société Moulin Moderne du Mali (M3), qui dispose d’un bail délivré par l’Office du Niger. En effet, le 31 mai 2010, un bail a été signé entre le PDG de l’ON et M. Modibo Keita, représentant la société Moulin Moderne du Mali. Le bail concède à cette société 7.400 hectares situés dans le casier de Séribabougou, zone de M’Bewani. Or, à partir du 18 juin 2010, des bulldozers ont commencé à détruire les champs et de nombreux arbres fruitiers des habitants des communes de Sanamadougou et de Saou, éloignées de plus de 30 km des terres attribuées à 3M. Lorsque les habitants se sont opposés à la destruction de leurs champs, des gendarmes sont intervenus en faveur des travailleurs de la Société Moulin Moderne du Mali, afin de permettre le bon déroulement des opérations. Selon les témoignages des villageois, un grand corps de gendarmes lourdement armés est intervenu, utilisant des matraques et du gaz lacrymogène contre les paysans. Le bilan de cette journée est de plusieurs personnes blessées et plus de 40 personnes arrêtées.

Selon des témoignages des habitants de Sanamadougou et de Saou, ceux-ci sont physiquement empêchés par la force d’accéder à leurs terres par des personnes armées employées par la Société Moulin Moderne du Mali et des gendarmes. Les chefs de villages ont envoyé à plusieurs reprises des courriers aux autorités locales et nationales pour dénoncer les faits et pour demander une intervention des responsables. Depuis le mois de mai 2010, plusieurs courriers ont été envoyés aux autorités, dont, entre autres : le Premier ministre, le Ministère de la Sécurité Intérieure et de la Protection Civile, le Ministère de la Justice, le Ministère de l’Administration Territoriale et des Collectivités Locales, le Ministère de l’Agriculture, le Secrétaire d’Etat de l’ON, le PDG de l’ON, le Gouverneur de Ségou et le Président de l’Assemblée régionale de Ségou. Suite à ces communications, plusieurs rencontres avec les représentants des autorités de l’ON ont eu lieu.

Pourtant, ces paysans n’ont toujours pas récupéré l’accès à leurs terres qui est leur seul moyen de survie. Les populations se trouvent à présent dans une situation extrêmement précaire : depuis des mois, des dizaines de familles souffrent de la faim et ne survivent que grâce à la solidarité d’autres villages. De plus, les habitants subissent des pressions morales et physiques permanentes. À plusieurs reprises, des personnes ont été emprisonnées. Face à cette situation, les villages de Sanamadougou et de Saou ont déposé plainte au tribunal de Markala pour dénoncer la violation de leurs droits fonciers coutumiers sur leurs terres ancestrales, le non-respect des provisions du bail de la part de la Société Moulin Moderne du Mali et la complicité des autorités maliennes dans les agissements de ce dernier.

La situation des habitants des communes de Sanamadougou et de Saou s’inscrit dans un processus d’accaparement de terres plus large qui se déroule depuis quelques années au Mali, et particulièrement dans l’ON. Selon des études récentes, à la fin 2010, au moins 800.000 hectares de terres fertiles ont été cédées en bail ou ont fait l’objet de négociation au Mali. Ceci représenterait entre un tiers et 85% des terres arables du Mali. La plupart de ces investissements à grande échelle dans des terres agricoles concernent la région de l’ON, à cause de la fertilité des sols et de la politique de promotion mené par l’État malien. Nous pouvons également citer le Projet Sucrier Markala, qui prévoit des cultures de canne à sucre sur 14.000 hectares dans la commune de Sansanding, cercle de Macina, région de Ségou. Le village de Sansanding a également déposé une plainte au tribunal de Markala.

Ces projets sont le plus souvent justifiés par la contribution qu’ils apporteraient à la sécurité alimentaire du Mali. Or, force est de rappeler que 70% des Maliens travaillent dans l’agriculture et que le pays dépend fortement de l’agriculture familiale pratiquée par les communautés paysannes, qui nourrit 80% de la population. Dans la zone de l’ON, l’agriculture familiale représente 56% de la superficie cultivée. Les communautés paysannes dépendent entièrement de l’agriculture qui est leur seul moyen de subsistance.

Les habitants de Sanamadougou et Saou ont perdu l’accès à leurs terres à cause de l’interférence d’un tiers agissant de connivence avec les autorités étatiques maliennes. Ces familles risquent maintenant de tomber dans l’insécurité alimentaire. En manquant de respecter les droits fonciers coutumiers de ces communautés et de les protéger contre l’interférence d’un tiers, l’État malien a violé les droits de ces familles.

Ne rien faire pour empêcher la perte de l’accès à leurs terres est une violation du droit à une alimentation adéquate de la part de l’Etat. Ce droit est garanti par l’article 11 du Pacte international relatif aux droits économiques, sociaux et culturels (PIDESC) et ses implications ont été précisément définies par le Comité des droits économiques, sociaux et culturels des Nations Unies (CDESC) dans son Observation générale N° 12.

Ayant ratifié le PIDESC, le Mali est obligé de respecter, protéger et donner effet au droit à l’alimentation de sa population, et des communautés paysannes de l’ON en particulier. Pour ces dernières, l’accès à leurs terres et aux ressources coutumières est une condition préalable pour la réalisation de leur droit à une alimentation adéquate, faute d’options alternatives pour subvenir à leurs besoins. Le Rapporteur spécial des Nations Unies pour le droit à l’alimentation a souligné à plusieurs reprises le lien immédiat entre l’accès à la terre, les droits fonciers et le droit à l’alimentation. De même, l’article 21 de la Charte africaine des droits de l’Homme et des peuples ainsi que l’article 1 de la Charte internationale des droits humains soulignent qu’en aucun cas un peuple peut être privé de ses richesses et ressources naturelles ou de ses propres moyens de subsistance.

Je vous rappelle également qu’au mois de mars dernier, les négociations intergouvernementales sur les Directives pour une gouvernance responsable des régimes fonciers applicables aux terres, aux pêches et aux forêts, dans le contexte de la sécurité alimentaire nationale, se sont terminées avec succès au sein du Comité de la sécurité alimentaire mondiale (CSA). Ce document contient des dispositions fortes pour la protection des systèmes fonciers coutumiers et pour la protection des détenteurs de droits fonciers contre la perte arbitraire de ces droits, et notamment les expulsions forcées. De plus, ces directives soulignent l’importance pour les États de soutenir et de renforcer les investissements effectués par les paysans eux-mêmes ainsi que les investissements alternatifs qui n’impliquent pas de transactions de terres à grande échelle.

Cependant, étant donné l’absence de réaction des autorités maliennes face à la situation des paysans dans l’ON, voir même de leur complicité avec les accapareurs, il apparaît que le gouvernement du Mali ne respecte pas ses obligations selon le droit international.
Pour remédier à cette situation, je demande au gouvernement du Mali

– de respecter ses obligations selon le droit international relatif aux droits de l’Homme ;

– de respecter les droits fonciers coutumiers des communautés, selon les dispositions des articles 43 et 45 du code domanial et foncier, et de restituer leurs terres aux paysans et paysannes ;

– le versement d’indemnités de compensation aux paysans et paysannes  pour les dommages subis ;

– le respect des dispositions de la Loi d’orientation agricole par l’adoption concertée d’une politique foncière agricole (article 77) ;

– de respecter l’engagement pris lors de la marche de protestation de l’Union des associations et des coordinations d’associations pour le développement et la défense des droits des démunis (UACDDDD) contre les accaparements de terres le 13 mars à Bamako, à savoir de répondre aux revendications des organisations de la société civile concernant les accaparements de terres ;

– le gel des travaux d’aménagement en cours dans les sites litigieux et la suspension des transactions et/ou des pourparlers en attendant la résolution des conflits ;

– d’assurer que tous les conflits soient réglés sans violence ;

– d’engager un dialogue politique avec les acteurs du secteur agricole en organisant une table ronde nationale autour de la problématique du foncier agricole.

Je vous prie d’agréer, Monsieur le Premier Ministre, l’expression de ma très haute considération.

Dr. Flavio Valente

Secrétaire général
FIAN International

 

cc: Ambassade de la République du Mali en Allemagne

Mali: Le droit à l´alimentation des familles de paysans de N´Tabacoro menacé

Plusieurs dizaines de familles de paysans de la périphérie de Bamako, la capitale du Mali, sont menacées d’être expulsées de leurs terres par le gouvernement malien au profit d’un projet de construction de logements. L´interdiction de cultiver, ordonnée en juillet 2009, constitue une menace immédiate pour la jouissance de leur droit à une alimentation adéquate. En outre, si l´expulsion devait être menée à terme, elle mettrait durablement en péril la capacité à se nourrir de ces familles qui comptent déjà parmi les plus vulnérables de la population. Le gouvernement a agi sans concertation avec les individus affectés, et n’a prévu aucun dédommagement adéquat ni aucune solution alternative pour les familles concernées, agissant au mépris de ses obligations en matière de droits de l’Homme.  

Le 19 janvier dernier, FIAN a envoyé en urgence une lettre ouverte aux autorités maliennes pour stopper l´invasion des parcelles par les bulldozers. Toutefois, une action internationale de soutien aux victimes est nécessaire. Veuillez écrire une lettre au Président de la République, au Ministère du logement et à la Présidente de la Cour Suprême pour faire entendre les revendications des familles de N´Tabacoro.