Les élevages de crevettes menacent les moyens de subsistance des communautés qui vivent de la pêche artisanale

FIAN International travaille avec des représentant-es des pêcheurs du Tamil Nadu pour mettre en lumière la situation de deux petites communautés à Chandrapadi et Chinnaikottaimedu, qui dépendent de la pêche traditionnelle en bateau.

Impact sur les moyens de subsistance et les droits humains

L'empiètement sur le territoire des élevages de crevettes depuis le début des années 1990 a entraîné une grave dégradation de l'environnement dans la région : les mangroves ont été défrichées et les estrans dragués pour construire des canaux artificiels, ce qui a perturbé des écosystèmes autrefois florissants.

L'expansion inconsidérée de l'élevage de crevettes a été associée à la contamination de l'eau, à la dégradation de la fertilité des sols, à la perte de moyens de subsistance, au refus d'accès aux zones de pêche, à des effets néfastes sur la santé, à des pénuries d'eau et à des perturbations sociales et culturelles.

« C'est un excellent exemple de la raison pour laquelle l'aquaculture est une fausse solution pour la sécurité alimentaire. Son expansion a dévasté la vie et les moyens de subsistance des communautés qui vivent de la pêche artisanale dans le monde entier et en particulier en Asie », déclare Yifang Tang, responsable des études de cas et de la recherche à FIAN International.

« L'aquaculture est très variée. Même des projets apparemment à petite échelle peuvent nuire à l'environnement et avoir un impact considérable sur le droit à l'alimentation et à la nutrition des communautés locales. »

Le gouvernement du Tamil Nadu n'a pas réussi à faire appliquer les lois existantes et à protéger les droits des communautés.

« Nous demandons aux services gouvernementaux de fermer les élevages de crevettes sur la base de la régulation de la zone de côtière (2019). Nous demandons également au gouvernement de l'État du Tamil Nadu de redistribuer les terres communes côtières aux communautés qui vivent de la pêche artisanale afin de sécuriser et de protéger l'environnement », déclare Jones T. Spartegus, du Réseau d'action côtière.

Le bilan humain de l'élevage de crevettes

La contamination des plans d'eau par le déversement de produits chimiques non traités a entraîné une réduction de la taille et de la qualité des poissons et des crustacés, menaçant ainsi la principale source d'alimentation des communautés de Chandrapadi et de Chinnakotaimedu.

La perte de terres agricoles au profit des élevages de crevettes a également perturbé les systèmes alimentaires locaux, obligeant les familles à acheter – plutôt qu'à cultiver – leur nourriture, ce qui affecte les revenus des ménages. Le refus d'accès aux zones de pêche et la perte des techniques de pêche traditionnelles ont entraîné des difficultés économiques pour les communautés qui vivent de la pêche artisanale.

Les communautés ont également subi des effets néfastes sur la santé, notamment des allergies et des maladies de peau qu'elles estiment liées à la pollution des élevages de crevettes.

La promotion des élevages de crevettes par l'État au moyen d'incitations financières et son incapacité à faire respecter ses propres réglementations soulignent l'urgence d'une action visant à protéger les droits humains et les moyens de subsistance de ces communautés qui vivent de la pêche artisanale.

Télécharger le document Impact de l’aquaculture de crevettes sur le droit à l’alimentation et à la nutrition en Inde Étude de cas de deux hameaux de pêcheurs du Tamil Nadu ici.

Pour plus d'informations ou pour des interviews avec les médias, veuillez contacter Clara Roig Medina roig@fian.org ou Tom Sullivan sullivan@fian.org.

Les mouvements sociaux mondiaux sont solidaires des paysans de l’Inde

DÉCLARATION COMMUNE: Salut aux paysan·nes de l'Inde! Une immense victoire pour les mouvements sociaux !

C'est une immense victoire pour les agriculteur·ices indien·nes, qui menaient une mobilisation historique depuis près d'un an. Le gouvernement indien a annoncé, le 19 novembre, l'abrogation de trois lois agricoles controversées qui menaçaient de privatiser le secteur agricole du pays. Cette victoire constitue d'un récit édifiant sur ce que le pouvoir des populations peut accomplir, même dans les conditions les plus défavorables.

La manifestation des agriculteur·rices indien·nes, l'une des plus grandes mobilisations de l'histoire récente, a un an le 26 novembre 2021. Au cours de cette manifestation historique, les agriculteur·ices et les travailleur·euses ont dû affronter un hiver rigoureux, des pluies torrentielles, une répression brutale et une vague de campagnes visant à criminaliser, emprisonner, diffamer et délégitimer les manifestant.e.s et leurs allié·es.

Selon Samkyutka Kisan Morcha, la principale coalition de cette manifestation, au moins 650 paysan·nes ont été tué.e.s l'année dernière au cours des manifestations. Parmi eux, cinq paysan·nes qui ont été cruellement écrasé·es par une voiture en octobre 2021, qui aurait été conduite par le fils d'un ministre.

Malgré la répression et les mesures oppressives, les millions d'agriculteur·ices qui assiègent les abords de New Delhi depuis une année ne sont pas pressés de mettre fin à leur manifestation. S'ils et elles saluent l'annonce du retrait des trois lois comme un pas dans la bonne direction, leur autre demande cruciale, à savoir la garantie légale d'un prix de soutien minimum (MSP) pour leurs produits, n'est toujours pas satisfaite. Le gouvernement prévoit de constituer un comité qui rendrait le système d'approvisionnement plus transparent, mais les agriculteurs agitateurs insistent sur le fait qu'une garantie légale est une nécessité absolue. Ils demandent également que le gouvernement retire toutes les affaires pénales engagées contre les manifestant·es au cours de l'année.

Les paysan·nes indien·nes ont inspiré le monde entier par leur résilience. Ils et elles nous ont montré ce qu'une lutte unie de la classe ouvrière et de la paysannerie peut accomplir, même face à toutes les adversités. Au cours de l'année écoulée, cette manifestation a noué des alliances avec des syndicats de travailleur·euses et d'autres mouvements sociaux et a émis des messages inspirants de solidarité, d'harmonie communautaire et d'unité entre les sociétés rurales.

Nous, membres de la société civile internationale, offrons notre soutien total et notre solidarité aux paysan.ne.s de l'Inde. Nous applaudissons votre résilience. Vous êtes une source d'inspiration pour les mouvements sociaux partout dans le monde. Nous vous soutenons dans vos demandes de résistance à la mainmise des entreprises sur l'agriculture, qui menace la souveraineté alimentaire de l'Inde. Vos manifestations trouvent un écho dans toutes les communautés paysannes et indigènes du monde entier. Nous suivons votre leadership, et restons unis et attentifs à l’évolution de la situation au quotidien.

La menace de privatisation et de corporatisation de l'agriculture ne touche pas que l'Inde. Cependant, ce qui est en jeu en Inde, ce sont les vies et les moyens de subsistance de près de 600 millions de personnes liées au secteur agricole et aux secteurs connexes.

L'histoire nous a montré les dangers de l'expansion de l'agrobusiness. L'Europe, les États-Unis, le Japon, la Corée du Sud, le Canada, l'Australie et plusieurs pays riches sont la preuve vivante que l'expansion de l'agrobusiness marginalise les petit·es producteur·rices de denrées alimentaires et déplace la production agricole vers les grandes exploitations industrielles. Il s'agit d'un modèle qui chasse des millions de personnes de leurs terres, entraîne une concentration des terres à grande échelle et livre un bien naturel précieux aux mains de quelques-uns. C'est un modèle qui prive les petit.e.s agriculteur·rices de leur autonomie et de leur contrôle sur leurs semences, de leurs intrants et de leurs machines agricoles. Il s'agit d'un modèle qui favorise la monoculture à grande échelle, avec des conséquences tragiques pour la planète, la santé des sols, la biodiversité et les alternatives nutritionnelles pour nos communautés.

Pour une société à prédominance rurale comme l'Inde, passer par ce processus de privatisation, surtout lorsque la grande majorité de sa paysannerie est constituée de métayer·ères et de petit·es chef·fes d’exploitation, c'est amener la misère aux portes de millions de foyers. Et lorsque les paysan·nes des zones rurales perdent l'autonomie de leur production, cela met en danger leur souveraineté alimentaire.

L'Inde est signataire de la Déclaration des Nations Unies sur les Droits des paysan.ne.s et des autres personnes travaillant dans les zones rurales (UNDROP acronyme en anglais), qui souligne les obligations des États en tant que garants d'un revenu adéquat et de prix équitables pour leurs producteur·rices de denrées alimentaires (article 16). Malgré cet engagement envers la déclaration des Nations Unies, et agissant contrairement à l'esprit de la Déclaration, le gouvernement indien a introduit trois lois controversées en pleine année de pandémie, sans aucune consultation aux agriculteur·rices. Nous insistons sur le fait que toute tentative de réforme de l'agriculture indienne doit être menée en consultant dûment les petits producteur·ices alimentaires dans le cadre d'un processus transparent et démocratique.

Au cours des deux dernières décennies, les agriculteur·ices indien·nes se sont mobilisé·es à plusieurs reprises pour réclamer une garantie légale pour un prix de soutien minimum et un mécanisme solide pour assurer l'efficacité des marchés publics de leurs produits. À l'heure actuelle, les protestataires craignent qu'en l'absence d'une telle garantie légale, les entreprises privées puissent encore entrer par la porte de derrière. C'est pourquoi ils et elles insistent sur une législation qui garantisse un prix de soutien minimum aux agriculteur·ices dans chaque État de l'Inde.

En tant que signataire de la déclaration des Nations Unies sur les droits des paysan·nes, l'Inde doit écouter son peuple et instaurer un processus de consultation avec les syndicats avant d'introduire toute réforme. Elle doit établir des garanties légales qui assurent un prix de soutien minimum pour les paysan.ne.s. Elle doit reconnaître et indemniser les familles de celles et ceux qui ont perdu la vie dans cette lutte. Elle doit immédiatement traduire en justice ceux qui ont écrasé les agriculteur·rices qui manifestaient à Lakhimpur Kheri. Elle doit cesser toute action qui criminalise les dirigeant·es ou les membres des syndicats mobilisés et reprendre immédiatement les pourparlers et les négociations.

Appel à des actions de solidarité internationale :

Le 26 novembre, nous, membres de la société civile internationale, organiserons des activités pacifiques de solidarité, de façon virtuelle et présentielle, pour exprimer notre soutien aux paysan.ne.s indien.ne.s.

Hashtag #SalutetoIndiasFarmers (Salut aux paysan·nes indien·nes)

Envoyez des photos, des déclarations ou des vidéos à samyuktkisanmorcha@gmail.com

Mondialisons la lutte, mondialisons l'espoir !

Nous rendons hommage à la paysannerie indienne, qui est notre source d'inspiration !

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Déclaration signée par :

LVC – La Via Campesina

WAMIP – Alliance Mondiale des Peuples Autochtones Mobiles

CITI – Conseil International des Traités Indiens

URGENCI – Réseau International pour l’Agriculture soutenue par la communauté

MMF – Marche Mondiale des Femmes

HIC – Coalition Internationale de l’Habitat

FIAN International

FOEI – Les Amis de la Terre International

FIMARC – Federation International des Mouvements d’Adultes Ruraux catholiques

 

Il est temps que faire rendre des comptes aux entreprises pour les crimes commis contre les droits humains et l’environnement

FIAN International soutient et exprime sa solidarité envers les centaines de mouvements sociaux et de groupes de la société civile à travers le monde qui réclament un traité contraignant suffisamment strict pour protéger les paysan?ne?s, les petit?e?s exploitant?e?s, les peuples autochtones et les communautés qui n'ont aucun recours à la justice lorsque leur vie, leur santé et leurs moyens de subsistance sont menacés. 

« Il existe trop de lacunes dans le droit international, qui permettent aux entreprises qui ont causé ou contribué à des impacts graves sur les droits humains de continuer à opérer en toute impunité. Après sept ans de discussions, les gouvernements doivent se tenir fermement du côté des communautés affectées et faire avancer les négociations, en tenant compte du besoin urgent de solutions à l'échelle mondiale », a déclaré Ana María Suárez Franco , Représentante permanente de FIAN International auprès de l'ONU.

Il n'existe actuellement aucun cadre juridique contraignant au niveau mondial pour réglementer les activités et les chaînes de valeur des sociétés minières transnationales, de l'agro-industrie et d'autres entreprises dont le bilan en matière de droits humains est désastreux. Cette situation est particulièrement problématique dans les pays du Sud riches en ressources naturelles, où les protections juridiques sont plus faibles et où les entreprises peuvent faire valoir qu'elles n'enfreignent aucune loi locale ni internationale lorsqu'elles chassent des communautés de leurs terres, polluent leurs habitats, voire causent des pertes de vies humaines.  

Les directives volontaires comme les Principes directeurs des Nations Unies relatifs aux entreprises et aux droits de l'Homme et les législations nationales comme la loi française sur le devoir de vigilance des sociétés transnationales ne suffisent pas à protéger les communautés et l'environnement contre les entreprises dénuées de scrupules. Comme l'ont démontré plusieurs affaires particulièrement médiatisées, telles que le déplacement massif de communautés en Ouganda par le géant pétrolier français Total, la catastrophe du barrage de Brumadinho au Brésil et l'accaparement de terres par POSCO en Inde, un ensemble solide de règles contraignantes est nécessaire pour garantir que les droits humains des peuples priment sur les intérêts économiques.

« Un traité international relatif aux sociétés transnationales et autres entreprises est essentiel pour régir les économies mondialisées », a déclaré Ana María Suárez Franco . « Un terrain de jeu juridique équitable comblerait les lacunes en matière de protection, permettrait aux gens d'avoir un meilleur accès à la justice et rendrait les entreprises responsables de leurs impacts sur les droits humains et l'environnement. »

Après le Sommet des Nations Unies sur les systèmes alimentaires qui s'est tenu à Rome le mois dernier et qui n'a pas réussi à contenir le pouvoir croissant de l'agrobusiness, il est d'autant plus important de saisir cette opportunité lors du sommet des Nations Unies à Genève du 25 au 29 octobre.

Les intérêts des entreprises, ou les États qui entendent les défendre aux dépens des populations, ne doivent en aucun cas entraver les activités du Groupe de travail intergouvernemental à composition non limitée sur les sociétés transnationales et autres entreprises et les droits de l'Homme (OEIGWG), comme cela s'est produit dans le passé avec des initiatives similaires.

Ce serait une occasion gâchée, tant pour les communautés qui luttent contre les violations de droits humains dans le monde que pour le système des Nations Unies.

Travailleurs indiens de l’industrie du thé, une vie sans dignité

Basé sur une mission d’enquête internationale indépendante du GNRTFN, A Life without dignity – the price of your cup of tea (« Une vie sans dignité – le prix de votre tasse de thé ») révèle les violations et les abus de droits humains, en particulier du droit à une alimentation adéquate et à la nutrition et d’autres droits connexes, que les travailleurs et travailleuses des plantations de thé endurent en Inde depuis des générations. Ce rapport est l’aboutissement de plusieurs années de travail de deux des membres du Réseau GNRTFN, l’Union Internationale des Travailleurs de l'Alimentation (UITA) et la Right to Food Campaign, campagne en faveur du droit à l’alimentation, en Inde.

L’enquête révèle que les travailleurs de l’industrie du thé ne perçoivent pas des salaires décents et travaillent dans des conditions extrêmement difficiles et éprouvantes. Dépourvus d’équipement de protection, ceux qui traitent les théiers sont régulièrement exposés aux pesticides. Les femmes cueilleuses de thé – environ la moitié de la main d’œuvre – souffrent de violations de leurs droits humains. En règle générale, les travailleuses des plantations ne jouissent d’aucun de leurs droits ni d’aucune disposition relatifs à la protection de la maternité et souffrent de discrimination généralisée au travail ; elles perçoivent des salaires inférieurs à ceux des hommes et elles ont peu, voire aucune, possibilité d’être promues. Ces violations au travail sont également aggravées par les violations constantes de droits humains dont elles sont victimes de par leurs conditions de vie en général. 

En vertu du Plantation Labour Act (PLA), la loi sur le travail dans les plantations, les propriétaires des plantations de thé sont tenus de fournir à leurs travailleurs et travailleuses ainsi qu’à leurs familles les besoins fondamentaux, dont l’eau potable, les soins de santé, l’éducation et le logement. La réalité est tout autre. Les habitations des travailleurs et travailleuses, vétustes, n’ont ni eau courante ni équipement sanitaire et leurs enfants n’ont pas accès à une éducation convenable. Les familles qui veulent éviter à leurs enfants de vivre dans les mêmes conditions de vie que les générations actuelle et précédentes ont du mal à leur offrir une éducation digne de ce nom. Les parents rencontrent généralement des barrières énormes à chaque stade de croissance de leurs enfants. Les soins de santé et les médicaments ne sont accessibles ni physiquement ni financièrement, à l’instar des besoins vitaux comme l’eau, l’assainissement ou l’électricité.
 
Parce qu’ils n’ont aucune sécurité d’occupation de leur logement, aucun droit légal sur leurs habitations et sur la terre, les travailleurs et travailleuses se retrouvent dans un état de dépendance continue aux plantations. Leurs employeurs ont le pouvoir d’expulser quiconque est actuellement sans emploi. Travailleurs et travailleuses, surtout ces dernières, se voient dès lors contraints de travailler pour des salaires de misère afin de garder un pied dans la seule maison qu’ils ou elles possèdent, ayant perdu tout lien avec leur patrie d’origine au fil de ces 200 dernières années. Les travailleurs et travailleuses continuent ainsi de travailler dans un état de servitude, tétanisés par l’idée de s’organiser et de lutter pour de meilleures conditions de travail, toute protestation pouvant mener à l’expulsion et à la perte de leur domicile.
 
En adoptant le Plantation Labour Act, le Gouvernement indien a formalisé un système qui rendait travailleurs et travailleuses totalement dépendants des plantations de thé. Cette dépendance est d’autant plus criante et préjudiciable lorsqu’une plantation ferme – comme c’est le cas au Bengale occidental. Sans aucune épargne ni endroit où aller, les travailleurs du thé sont contraints de prendre des mesures drastiques pour survivre et il arrive que certains d’entre eux, soumis à des conditions extrêmes, meurent de faim.  

Parmi ses principales recommandations, le Réseau GNRTFN appelle l’Etat indien à prendre immédiatement des mesures pour garantir les droits humains de tous les travailleurs et travailleuses de l’industrie du thé, particulièrement le droit à l’alimentation et à la nutrition, au logement, à l’eau, à l’assainissement et à l’éducation, conformément aux législations internationale et nationale et ce, en étroite consultation avec les travailleurs et travailleuses concernés. Toute décision relative à l’avenir des plantations de thé, y compris portant sur des alternatives structurelles, devrait être prise en concertation avec les travailleurs et travailleuses et ce, pendant tout le processus décisionnel. Conscient de l’impact de la fermeture des plantations sur les vies des travailleurs et travailleuses et de leurs familles, le Réseau exhorte l’Etat indien à traiter d’urgence la situation et à adopter les mesures qui s’imposent. 

Vous pouvez trouver le rapport ici (en anglais, et mise à jour en juin 2016) 

NOTES AUX ÉDITEURS:

 

  • La mission d’enquête a eu lieu dans les plantations de thé de l’Assam et du Bengale occidental entre les 27 novembre et 04 décembre 2015. Les résultats préliminaires de l’enquête ont été présentés dans deux conférences de presse, à Kolkota et New Delhi. 
  • Le Réseau GNRTFN est une initiative d’organisations de la société civile et de mouvements sociaux (de paysans/nes, pêcheurs/ses, sans-terre, consommateurs/trices, de personnes urbaines vivant en situation de pauvreté, de travailleurs/ses des secteurs de l’agriculture et de l’alimentation, de femmes, de jeunes, de peuples indigènes) conscients de la nécessité d’agir ensemble pour la réalisation du droit à l’alimentation et à la nutrition. 

 

Pour plus d’information sur la mission d’enquête, vous pouvez contacter

Il n’y a pas de droit à l’alimentation et à la nutrition sans droits des femmes

Malgré les appels lancés pour que les femmes et la perspective du genre soient prises en compte en matière de sécurité alimentaire et nutritionnelle, le statut de la faim et de la malnutrition chez les femmes et les filles ne s’améliore toujours pas. Ces groupes sont particulièrement vulnérables au modèle économique et de développement dominant qui exploite les populations et les ressources naturelles, un modèle inhérent aux politiques et aux pratiques patriarcales. Étant donné que les tendances actuelles de gouvernance mondiale affaiblissent la capacité des États à s’acquitter des obligations qui leur incombent en matière de droits humains, les femmes ne peuvent jouir de leurs droits équitablement, et elles sont privées d’une vie digne. 

Lors de cette manifestation, des activistes des droits des femmes du monde entier rencontreront le Rapporteur spécial sur le droit à l’alimentation en vue d’examiner des stratégies communes visant à demander des comptes aux responsables. Les activistes présenteront le droit à l’alimentation d’un point de vue qui ne réduit pas simplement les femmes à leurs rôles vis-à-vis de leurs enfants, de leurs familles et de leurs communautés, mais qui considère la réalisation des droits des femmes comme une fin en soi.  

Venant du Guatemala, d’Inde, d’Espagne, du Togo et des États-Unis, les participants, hommes et femmes, approfondiront les causes premières de la faim et de la malnutrition, dans un monde dans lequel les politiques nationales et mondiales semblent maintenir le cercle vicieux de la pauvreté et renforcer les inégalités. Ils se feront les porte-paroles des femmes vivant en milieu rural et en milieu urbain dans le monde entier qui ressentent les répercussions des restructurations économiques, des migrations, du développement non durable et non réglementé et du changement climatique ; des phénomènes qui ont de graves conséquences sur leur droit à l’alimentation et à la nutrition.

Cette manifestation parallèle, organisée par une longue liste de groupes de la société civile et coparrainée par plusieurs pays, se tiendra entre les sessions du Conseil des droits de l’homme de l’ONU (CDH), au cœur de l’élaboration des politiques mondiales, au Palais des Nations, le 8 mars, à l’occasion de la Journée internationale de la femme.

Pour plus de renseignements, veuillez consulter le dépliant.

Pour vous inscrire, veuillez contacter fyfe[at]fian.org ou cliquer ici.

Continuons à lutter contre l’effet «boule de neige» des entreprises

Qualifiée d’« emprise » (« corporate capture » en anglais), l’influence qu’exercent les sociétés transnationales, et autres entreprises sur l’élaboration des politiques publiques et leur mise en œuvre, a représenté un enjeu important pour la société civile au cours des dernières années. Tel l’effet dit « boule de neige », l’influence des entreprises s’est étendue de manière exponentielle, insidieuse et efficace en un rien de temps. Comme le rappelle le « Right to Food Journal », jusqu’à récemment, ses répercussions ont été presque imperceptibles pour le grand public, et les grandes entreprises en ont profité pour infiltrer l’arène politique au niveau international, régional, national et local, y compris aux Nations Unis. Tous ces facteurs ont façonné un monde dans lequel les abus et les violations des droits humains liés aux activités des entreprises sont devenus de plus en plus inquiétants.

À ce propos, Rolf Künnemann, Directeur des droits humains de FIAN International, déclare : « La Journée des droits de l’homme nous donne l’opportunité de rappeler où se situent les obstacles à la réalisation du droit à l’alimentation et à la nutrition. Les sociétés transnationales commettent des abus en toute impunité, et en les laissant agir à leur guise, les États violent les droits humains. Malheureusement, certains États sont de connivence avec l’emprise qu’exercent actuellement les entreprises sur les espaces d’action politique internationaux ». Rolf Künnemann attire l’attention sur le fait que les États ne poursuivent pas conjointement les sociétés transnationales en justice au niveau international, car il n’existe pas de droit pénal des entreprises et qu’il n’y a aucune coopération entre les États qui permette de tenir les transnationales responsables de leurs actes. « C’est pour cela qu’il est nécessaire que nous continuions à lutter contre cette tendance en donnant une visibilité à l’opinion et à l’expérience des groupes de la société civile et des mouvements sociaux, tout en suivant l’évolution des débats qui se déroulent au sein du Groupe de Travail Intergouvernemental de l’ONU pour l’élaboration d’un traité sur les sociétés transnationales et autres entreprises et les droits humains », a?t?il ajouté.

Du point de vue politique et juridique, le « Right to Food Journal » illustre certaines des répercussions qu’ont les activités des entreprises, comme la prochaine mise en œuvre de ce qu’il est convenu d’appeler les « Charter Cities » ; y figurent également les débats menés actuellement qui visent à mettre un terme à cet engrenage des entreprises, notamment les discussions se tenant au sein de ce qu’on appelle la « Convergence mondiale des luttes pour la terre et l’eau ». La publication aborde aussi les évolutions importantes qui ont jalonné 2015, notamment le statut des droits humains au Népal au lendemain des séismes, ainsi que le second Examen périodique universel de ce pays.

Veuillez consulter le « Right to Food Journal 2015 »

Pour toute information complémentaire, les représentants des médias peuvent s’adresser à delrey@fian.org

Des abus et violations du droit humain à l’alimentation et à la nutrition dans les plantations de thé

La Mission avait pour objectif d’enquêter sur le statut du droit humain à l’alimentation et à la nutrition et des droits connexes des personnes travaillant sur les plantations de thé, ainsi que sur le rôle que jouent les dirigeants des exploitations de thé, les entreprises et les organismes gouvernementaux.

Lors de conférences de presse à Kolkata et à Delhi, la Mission a déclaré avoir relevé un grand nombre d’abus et de violations de droits des personnes travaillant sur les plantations de thé en Assam et au Bengale occidental. L’équipe a constaté que les salaires y sont extrêmement bas, les conditions de travail précaires et les logements et les équipements sanitaires inadaptés, mais également que les femmes sont victimes de violences structurelles et que l’accès à l’eau, à l’éducation et aux soins médicaux fait défaut ; Ceci constitue un ensemble de facteurs dangereux pour les populations des plantations. Le droit syndical des personnes travaillant dans les plantations de thé étant entravé, cette situation inacceptable contraint des milliers de familles à fuir la faim, la malnutrition et le désespoir, comme en témoignent de plus en plus les quotas relatifs au travail des enfants et aux migrations forcées.

Les personnes travaillant sur les plantations de thé et leurs familles continuent à être confrontées à des pénuries alimentaires et reçoivent un salaire bien inférieur au minimum qui leur permettrait de vivre décemment dans les plantations. Représentant actuellement environ 122,50 Rs par jour, les salaires sont inférieurs aux dépenses minimales des familles des travailleuses et des travailleurs, ce qui n’est pas conforme à l’application de standards minimums. Ceci a une incidence, en particulier sur les femmes, qui représentent près de 70 % de l’ensemble de la force ouvrière dans les plantations. Elles sont victimes de discrimination structurelle, d’exclusion et d’exploitation, et l’on attend malgré tout d’elles, qu’elles s’occupent de leurs enfants et de leurs familles. Les violations de leurs droits en matière de procréation finissent par avoir des répercussions sur l’environnement nutritionnel de leurs bébés, ce qui a des conséquences graves sur le développement physique et cognitif et provoque un cercle vicieux de malnutrition transmise de générations en générations.

On estime qu’une personne travaillant sur ces plantations, reçoit moins d’un pour cent du prix moyen que paie le consommateur international ou indien par kilo de thé. C’est une situation dramatique, surtout compte tenu du fait que les travailleuses et les travailleurs s’épuisent dans les plantations de thé, dans des conditions de travail déplorables et sont confrontés à l’inertie des dirigeants des plantations. Cette situation extrême est encore aggravée par le contrôle qu’exercent ces derniers sur les travailleurs, hommes et femmes, et leurs familles ; contrôle qui se traduit finalement par une perte d’autonomie et d’autodétermination.

Plusieurs cas de fermetures de plantations non-déclarées et illégales ont été recensés, ce qui inquiète les travailleuses, les travailleurs et leurs syndicats, qui constatent qu’il est très difficile de lutter contre des conditions de travail déplorables. Les entreprises ignorent le droit et les lois nationales en vigueur qui règlementent les relations employeurs/employés dans les plantations ; le gouvernement central et les gouvernements des États, quant à eux, demeurent inactifs lorsqu’il s’agit de faire appliquer ces lois.

Lors de la Mission, l’équipe a écouté les revendications de première importance des personnes travaillant sur les plantations, qui concernent notamment le versement d’un salaire minimum vital et l’amélioration des conditions de travail, en particulier pour les femmes enceintes qui doivent rester actives jusqu’au huitième mois de grossesse et dont les besoins spécifiques d’après la naissance sont négligés, y compris en ce qui concerne l’allaitement. Il est urgent de remettre en état les logements existants et l’approvisionnement en eau potable dans les locaux à usage d’habitation et sur les lieux de travail, tout en améliorant l’accès à l’éducation pour les enfants et le système de soins dans les plantations de thé.

La fermeture des plantations ayant des conséquences préjudiciables sur la vie de milliers de personnes, les travailleuses et les travailleurs demandent également l’octroi d’une aide immédiate aux populations touchées. L’accès à la terre fait également partie des revendications principales des travailleuses et des travailleurs qui n’ont aucune perspective d’accès à la propriété et à l’autonomie. De plus, les communautés vivant de l’exploitation du thé demandent à participer pleinement à la prise de décisions lors de processus politiques qui concernent leurs propres vies.

Dans ses recommandations préliminaires, le GNRtFN exhorte le Gouvernement indien à prendre des mesures en urgence, afin de garantir la réalisation de l’ensemble des droits humains des personnes travaillant dans les plantations de thé, en particulier en ce qui concerne le droit à l’alimentation et à la nutrition, et de s’assurer que les décisions liées à l’avenir des plantations de thé – y compris toute solution structurelle envisagée pour remédier à la situation actuelle – soient prises en impliquant les travailleuses et les travailleurs concernés tout au long du processus. Le Gouvernement doit également s’assurer que le droit syndical n’est en aucun cas violé et il doit protéger les travailleuses, les travailleurs et les représentants syndicaux de toute intimidation ou coercition exercée par les dirigeants. Les entreprises doivent être tenues responsables de la non?application du Plantations Labour Act.

Le GNRtFN rappelle également que le National Food Security Act (2013) doit être pleinement mis en œuvre et que l’Inde a l’obligation de garantir le droit humain à une alimentation adéquate et à la nutrition ainsi que la réalisation des droits afférents pour les populations des plantations, conformément au droit national et international.

 

NOTES À l’ATTENTION DES ÉDITEURS

  • Le Réseau (GNRtFN) est une initiative lancée par des organisations de la société civile et des mouvements sociaux (incluant des paysannes et paysans, des personnes vivant de la pêche et du pastoralisme, des sans terre, des consommatrices et consommateurs, des citadines et citadins vivant dans la pauvreté, des travailleuses et travailleurs agricoles, des productrices et producteurs alimentaires, ainsi que des femmes, des jeunes et des populations autochtones), qui reconnaissent la nécessité d’agir conjointement pour la réalisation du droit à l’alimentation et à la nutrition.
  • La Mission est dirigée par l’Union internationale des travailleurs de l’alimentation, de l’agriculture, de l’hôtellerie-restauration, du catering, du tabac et des branches connexes (UITA), qui est membre du GNRtFN.
  • FIAN International, Pesticide Action Network, Right to Food Campaign (Népal), Right to Food and Social Security Campaign (Bangladesh) et Right to Food Campaign (Inde) participent également à la Mission. L’équipe est composée d’activistes, d’experts et de responsables syndicaux du Brésil, du Pérou, d’Allemagne, du Royaume Uni, de Moldavie, d’Espagne, du Bangladesh, du Népal et d’Inde.
  • Le rapport sera disponible début 2016.

Pour plus de renseignements sur la Mission, veuillez contacter : tang@fian.org

Pour toute information complémentaire, les représentants des médias peuvent s’adresser à delrey@fian.org

Le Mali accueillera le prochain Dialogue Global

Quelques semaines après la dernière session à Dhaka, au Bangladesh, le prochain Dialogue global sur le Droit à l’alimentation adéquate et à la nutrition atterrit à Bamako, qui échangera avec des représentants gouvernementaux et des organisations de terrain de la région de l’Afrique de l’Ouest. Cet événement, organisé par la Coordination Nationale des Organisations Paysannes (CNOP) en collaboration avec le Centre for Equity Studies (CES) et FIAN International, servira de plate-forme pour le partage et la construction de connaissances en matière de lutte contre la faim et de droits humains.

Durant deux journées consécutives à partir du 28 juin, des efforts et développements politiques sur la thématique du droit à l’alimentation adéquate et à la nutrition au Brésil, en Inde, au Mali et dans d’autres pays de l’Afrique de l’Ouest seront présentés et discutés. Après le coup d’envoi donné par le Ministère d u développement rural du Mali, la première journée se penchera notamment sur la présentation de stratégies visant à s’attaquer à l’insécurité alimentaire et nutritionnelle au Mali ainsi que sur les lois et programmes qui ont réussi au Brésil et en Inde.

Le Brésil et l’Inde représentent deux expériences distinctes en termes d’efforts significatifs des États pour avancer dans la réalisation progressive du droit humain à l’alimentation et à la nutrition. Leurs exemples peuvent dès lors être instructifs pour d’autres. Le Brésil et l’Inde ne seront pas présentés comme des modèles d’émulation, mais plutôt comme sources indiquant des choix réalisables quand des pays travaillent sur des politiques et programmes visant à garantir la sécurité alimentaire.

Les participants joueront un rôle majeur lors de la deuxième journée qui sera consacrée à un échange de vues sur les questions stratégiques, telles que « les défis majeurs relatifs à la sécurité alimentaire et nutritionnelle dans votre pays » et « la mesure dans laquelle les expériences brésilienne et indienne fournissent des orientations pour s’attaquer à la faim et la malnutrition ».

La participation du Gouvernement malien ainsi que de la Convergence malienne contre les accaparements des terres (CMAT) constitue une occasion unique de débattre et de construire des connaissances autour des efforts politiques du pays pour garantir la sécurité alimentaire et pour marquer ce prochain Dialogue global.

Pour plus d’informations, veuillez contacter delrey[at]fian.org