La CIHD rencontre ses homologues européens à un moment crucial

Le Secrétaire exécutif de la Commission interaméricaine des droits de l’Homme (CIHD) – Organisation des États Américains (OEA), Paulo Abrão, s’apprête à traverser l’Atlantique pour rencontrer ses homologues Européens cette semaine.

Une série de réunions de haut niveau se tiendra avec les responsables de l’UE et des États membres, ainsi qu’avec des organisations de la société civile (OSC), qui ont soutenu à la fois politiquement et financièrement le système interaméricain, en particulier lors de la crise financière de l’an dernier.

Abrão profitera également de l’occasion pour présenter le Plan stratégique récemment approuvé, auquel les OSC ont contribué, y compris la section de FIAN International en Équateur, au nom de l’ensemble de FIAN.

Le besoin d’un engagement ferme

Dans un contexte où les États et le secteur privé (en particulier les multinationales) poussent de plus en plus à remplacer les normes et instruments internationaux en matière de droits humains par des directives volontaires, il devient essentiel de véritablement renforcer le rôle politique et juridique des systèmes régionaux de défense des droits humains. Ceci est particulièrement impératif pour les États membres de l’OEA qui ont progressivement retiré leur soutien financier et politique à la CIDH, menant cette dernière à la crise la plus grave de son histoire.

Le manque d’engagement politique des États de l’OEA se reflète également sur certains de leurs candidats sponsorisés, dont les compétences sont incertaines, pour les deux sièges que la session ordinaire de l’Assemblée générale de l’OEA choisira en juin. La 163ème Période des Sessions de la CIDH en juillet verra également la nomination du premier rapporteur sur les droits économiques, sociaux, culturels et environnementaux, ce qui pourrait augurer une évolution positive pour les communautés à travers les Amériques.

Guarani et Kaiowá demandent justice à la CIDH

Le système interaméricain est crucial pour lutter contre les injustices et les inégalités structurelles à l’encontre de la plupart des groupes marginalisés, en particulier les communautés autochtones. C'est le cas des communautés indigènes Guarani et Kaiowá au Brésil, qui ont été confrontées à des expulsions et à la violence tout au long de leur lutte pour le droit à leur territoire ancestral ainsi qu’à leur droit à l’alimentation et à la nutrition. Leur situation s’est aggravée depuis le coup d’État parlementaire.

En décembre dernier, la grande assemblée des Guarani et Kaiowá, Aty Guasu, avait déposé une requête auprès de la CIDH contre l’État du Brésil avec le soutien de CIMI, FIAN International et sa section brésilienne, ainsi que Justicia Global. Non seulement cette requête contribuera à l’élaboration de normes sur le droit à l'alimentation et à la nutrition en relation avec le droit au territoire ancestral, mais aussi au travail du rapporteur de la CIDH sur les droits économiques, sociaux, culturels et environnementaux.

FIAN International espère que les États membres de l’OEA donneront leur priorité au soutien politique et financier à la CIDH. Ceci devrait de plus se traduire dans le dialogue et la coopération entre l’UE et ses États membres avec l’OEA, les systèmes régionaux étant un élément crucial pour l’élaboration et la mise en œuvre des Orientations de l’Union européenne relatives au soutien des défenseurs des droits de l’homme ainsi que les plans d’actions de l’UE en matière de droits humains.

L’organisation participera à la visite de la CIDH, en collaboration avec le réseau européen d’organisations de la société civile CIFCA, afin de continuer à soutenir la consolidation des systèmes régionaux de droits humains.

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Il n’y a pas de droit à l’alimentation et à la nutrition sans droits des femmes

Malgré les appels lancés pour que les femmes et la perspective du genre soient prises en compte en matière de sécurité alimentaire et nutritionnelle, le statut de la faim et de la malnutrition chez les femmes et les filles ne s’améliore toujours pas. Ces groupes sont particulièrement vulnérables au modèle économique et de développement dominant qui exploite les populations et les ressources naturelles, un modèle inhérent aux politiques et aux pratiques patriarcales. Étant donné que les tendances actuelles de gouvernance mondiale affaiblissent la capacité des États à s’acquitter des obligations qui leur incombent en matière de droits humains, les femmes ne peuvent jouir de leurs droits équitablement, et elles sont privées d’une vie digne. 

Lors de cette manifestation, des activistes des droits des femmes du monde entier rencontreront le Rapporteur spécial sur le droit à l’alimentation en vue d’examiner des stratégies communes visant à demander des comptes aux responsables. Les activistes présenteront le droit à l’alimentation d’un point de vue qui ne réduit pas simplement les femmes à leurs rôles vis-à-vis de leurs enfants, de leurs familles et de leurs communautés, mais qui considère la réalisation des droits des femmes comme une fin en soi.  

Venant du Guatemala, d’Inde, d’Espagne, du Togo et des États-Unis, les participants, hommes et femmes, approfondiront les causes premières de la faim et de la malnutrition, dans un monde dans lequel les politiques nationales et mondiales semblent maintenir le cercle vicieux de la pauvreté et renforcer les inégalités. Ils se feront les porte-paroles des femmes vivant en milieu rural et en milieu urbain dans le monde entier qui ressentent les répercussions des restructurations économiques, des migrations, du développement non durable et non réglementé et du changement climatique ; des phénomènes qui ont de graves conséquences sur leur droit à l’alimentation et à la nutrition.

Cette manifestation parallèle, organisée par une longue liste de groupes de la société civile et coparrainée par plusieurs pays, se tiendra entre les sessions du Conseil des droits de l’homme de l’ONU (CDH), au cœur de l’élaboration des politiques mondiales, au Palais des Nations, le 8 mars, à l’occasion de la Journée internationale de la femme.

Pour plus de renseignements, veuillez consulter le dépliant.

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Présentation du rapport de la 3ème mission internationale au Guatemala

Malgré le fait que le Guatemala dispose du cadre juridique, politique et institutionnel nécessaire pour soutenir la concrétisation du droit à une alimentation adéquate et à la nutrition, et que le pays soit riche en ressources naturelles et fort sur le plan économique, des changements structuraux doivent avoir lieu afin d’améliorer les conditions de vie des Guatémaltèques. L’État du Guatemala est le 3ème pays le plus pauvre d’Amérique latine avec notamment 54,8% de la population vivant en dessous du seuil de pauvreté. Le pays détient le taux le plus élevé de malnutrition chronique dans la région.

Selon les conclusions de la mission, l’approche fondée sur l’aide, adoptée par les programmes de sécurité alimentaire au Guatemala, constitue un facteur majeur de cette situation. Le rapport met en évidence le manque de cohérence entre, d’une part, ces programmes et la législation qui prennent en compte les droits humains, et d’autre part, les politiques publiques et les lois sur l’utilisation et la gestion des ressources, qu’elles soient naturelles, en main-d’œuvre ou commerciales.

Par ailleurs, l’État applique un modèle de développement fondé sur l’extraction des ressources naturelles destinées à l’exportation, ce qui profite essentiellement au secteur du commerce international. Un modèle tel que celui-ci est en contradiction avec la vision de développement des communautés autochtones, des paysans et paysannes et des autres groupes ruraux, puisqu’il entraîne l’accaparement des ressources naturelles, limitant ainsi l’accès, la gestion et le contrôle des ressources par ces communautés. « Ce modèle de production est adapté à l’agro industrie et aux grands propriétaires. La très forte concentration des terres, qui s’ajoute à l’expansion des monocultures à grande échelle, ont des répercussions directes sur les droits des populations et la souveraineté alimentaire au Guatemala, engendrant une violence alarmante et la violation des droits humains. La mission a signalé ces faits et nous en sommes très inquiets », souligne Gerardo Iglesias, secrétaire du Bureau régional d’Amérique latine de l’UITA.

Commentant ce rapport, Angélica Castañeda, coordinatrice pour FIAN International, responsable du programme en Amérique latine, insiste : « Comme l’a confirmé la mission, le secteur privé prend la place de l’État dans les domaines relevant des obligations en matière de droits humains, tels que l’aide à l’alimentation, l’éducation, la santé, la sécurité, la création d’emplois. Le secteur privé se sert également de l’espace public pour faire de la propagande et réglementer l’accès de la population aux services publics. Au cours de nos visites, lors de la mission, il nous est arrivé de rencontrer des femmes et des enfants – appartenant à des groupes ou des communautés qui s’opposent à ces projets industriels – qui sont victimes de discriminations, d’exclusions et font même l’objet de menaces. »

En outre, le rapport démontre également que les individus défendant les droits économiques, sociaux, culturels et environnementaux, en particulier les femmes qui s’attèlent à cette tâche, font de plus en plus souvent l’objet, de la part de l’État et d’autres acteurs, de stigmatisations, de menaces, de violences, et sont criminalisés. Parmi les nombreuses situations examinées, le rapport fait notamment référence aux femmes de La Puya et à leur stratégie de « femmes dirigeantes ». Celles-ci font remarquer que « pour s’acquitter de cette tâche [la défense des droits de notre communauté], nous devons consacrer moins de temps à nos familles ».

Le rapport a été rendu public le 22 octobre lors d’un événement au Guatemala et sera présenté aux institutions et aux agences internationales dans les mois à venir.
Téléchargez le rapport (en espagnol) et le résumé analytique du rapport (en anglais et en espagnol).

Pour plus de renseignements, veuillez contacter:  castaneda-flores[at]fian.org
 
NOTES À L’ATTENTION DES ÉDITEURS:

C’est grâce à l’Alliance ACT EU, l’Alliance internationale d’agences de développement catholiques (CIDSE), the Copenhagen Initiative for Central America and Mexico (CIFCA), FIAN International, la section Amérique latine de l’UITA et la Via Campesina International que cette mission internationale et l’élaboration du rapport ont pu voir le jour.

Le programme de la mission comprenait plusieurs visites des lieux où d’importantes violations du droit à l’alimentation et à la nutrition ont été commises, mais aussi des rencontres avec les institutions gouvernementales et divers acteurs sociaux et politiques.

Un Juge déclare l’Etat du Guatemala responsable de violations du droit à l’alimentation

Dans son jugement, la Cour a ordonné à l’Etat de mettre en œuvre des mesures spécifiques nécessaires à surmonter les obstacles structurels auxquels sont confrontés les détenteurs de droits, en particulier les enfants atteints de malnutrition chronique, et de garantir la réalisation de leurs droits, en particulier le droit à une alimentation adéquate.

Le jugement a été rendu suite à une action en justice intentée par les familles concernées, appuyées par la campagne Campaña Guatemala Sin Hambre (Campagne Guatemala Sans Faim), une coalition d’organisations non-gouvernementales qui demande au gouvernement de remplir ses obligations de respecter, protéger et garantir le droit à une alimentation adéquate. 

La partie plaignante a accusé l’Etat guatémaltèque de violer les lois de protection des enfants qui demandent à l’Etat d’assurer la protection des enfants. En vertu de l’accusation, les enfants de ces familles auraient souffert de malnutrition sévère et risquaient de mourir de faim en raison de l’extrême-pauvreté causée par un manque de possibilités d’emploi et d’assistance sociale de la part du gouvernement.

Bien que l’action en justice ait été intentée à l’encontre du gouvernement précédent, l’administration actuelle a été sommée d’assumer la responsabilité du jugement par des réparations et des actions politiques spécifiques afin que la violation ne se répète pas. Le jugement requiert qu’au total 25 mesures soient mises en œuvre par diverses entités gouvernementales. Cela inclut des actions spécifiques pour générer et développer des possibilités d’emploi, l’accès aux services de santé et d’éducation, des politiques publiques qui offrent aux communautés des services de base ainsi que l’élaboration d’un protocole qui clarifie l’action concertée des entités étatiques de promouvoir et protéger le droit à une alimentation adéquate des enfants dans de telles circonstances.

FIAN International se félicite de ce jugement. En effet, c’est la première fois qu’un juge en Amérique latine a déclaré un Etat responsable de la protection du droit à une alimentation adéquate.

« Il s’agit d’une avancée majeure en faveur de la promotion de la justiciabilité du droit à une alimentation adéquate au Guatemala, en particulier pour les enfants qui souffrent de faim chronique. Cette décision servira de précédent important à d’autres cas qui pourraient surgir dans le pays et dans le monde », a déclaré Martin Wolpold-Bosien de FIAN International.

FIAN appuie le processus du procès depuis sa création, apportant conseil et collaborant avec des coalitions nationales telles que la Campaña Guatemala Sin Hambre.  FIAN continuera à travailler avec les groupes locaux afin de garantir la pleine mise en œuvre de cette décision sans précédent en faveur du droit à une alimentation adéquate.

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Téléchargez le communiqué de presse de Campaña Guatemala Sin Hambre (espagnol).

Contact : Martin Wolpold-Bosien

Réponse violente à la mobilisation indigène au Guatemala

Les réseaux signataires, composés d’organisations qui défendent et promeuvent le respect et les garanties pour l’exercice des droits humains dans le monde, nous exprimons notre profonde préoccupation par les événements qui ont eu lieu au Guatemala le 4 octobre dernier, lorsque sept membres de la communauté indigène K’iche’ ont perdu leur vies à la suite de la réponse disproportionnée des forces de sécurité de l’Etat faisant usage d’armes à feu contre les manifestants.

Télécharger le communique international (pdf).

FIAN – 25 ans de soutien à la lutte pour le droit humain à une alimentation adéquate

L’urgence de ce mandat a depuis augmenté, avec des pénuries alimentaires mondiales et des rapports de l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) selon lesquels près d’un milliard de personnes souffrent de malnutrition sévère.

Cependant, selon Olivier de Schutter, le Rapporteur Spécial des Nations Unies pour le droit à l’alimentation, «FIAN fait beaucoup plus que combattre la faim. Être en mesure de se nourrir est un droit humain».

Le mandat de FIAN a toujours priorisé le soutien à la lutte de ceux qui combattent des pratiques injustes et oppressives qui les empêchent de se nourrir et de nourrir leur famille. Cette vision à long terme et durable est reflétée dans la stratégie de l’organisation.

“Notre objectif est de parvenir à des solutions concrètes qui consistent en des changements politiques réels pour assurer l’accès des populations aux ressources dont ils ont besoin pour se nourrir aujourd’hui et à l’avenir» déclare le Secrétaire-général de FIAN Flavio Valente.

Pour soutenir ceux qui luttent pour réaliser le droit à l’alimentation, FIAN dénoncent rigoureusement les violations des droits humains et aide à renforcer les capacités des individus et des communautés à défendre leurs droits devant les tribunaux à l’encontre des gouvernements et des entreprises.

Comme initiative d’un groupe d’activistes engagés, FIAN reste la seule organisation de droits humains qui se consacre exclusivement à la promotion du droit à l’alimentation. L’organisation a été pionnière dans la défense des droits économiques, sociaux et culturels comme des droits humains, alors qu’à l’époque la plupart des autres organisations de droits humains travaillaient sur les droits civils et politiques, rappelle Rolf Künnemann, un des fondateurs.

Au cours des 25 dernières années, FIAN International a formalisé son rôle comme supporter de ceux qui luttent pour le droit à l’alimentation, en passant progressivement d’un sous-sol faisant office de siège de l’organisation à un réseau de bureaux nationaux dans 18 pays.

FIAN a été doté d’un statut consultatif auprès des Nations Unies en 1989. Ce statut a permis à l’organisation d’influencer le système de protection des droits humains au profit de groupes vulnérables, y compris des paysans et paysannes, des sans-terres et des femmes. Cela a contribué à l’élaboration de l’Observation générale No.12 sur le droit à l’alimentation en 1999, qui est maintenant l’interprétation juridique la plus autorisée sur le droit à l’alimentation en droit international.

L’organisation a également joué un rôle clé dans le processus d’adoption des Directives volontaires sur le droit à l’alimentation par les Etats membres de la FAO en 2004 et d’adoption du Protocole facultatif se rapportant au Pacte international relatif aux droits économiques, sociaux et culturels.

FIAN célébrera son anniversaire lors de diverses célébrations nationales et internationales tout au long de l’année et en particulier à l’occasion de la Journée mondiale de l’alimentation du 16 octobre 2011.