English Version | Ver en español

Outil de Suivi populaire lancé durant les discussions autour des ODD

Alors que les discussions autour du Programme de développement durable à l’horizon 2030 et des Objectifs de Développement Durable (ODD) commencent aujourd’hui au Forum politique de haut niveau des Nations-Unies, le Réseau Mondial pour le Droit à l’Alimentation et à la Nutrition lance un outil de suivi ancré dans les droits humains.

Cet outil ancré dans les droits humains est lancé en parallèle du Forum politique de haut niveau des Nations-Unies, afin de renforcer les exercices de suivi et responsabilité publiques qui assurent, protègent et promeuvent la souveraineté des peuples, quelque peu négligés dans le programme de développement pour 2030. Actuellement dans sa phase initiale de développement, le Suivi populaire pour le droit à l’alimentation et à la nutrition vise à présenter une perspective critique ainsi que les divers catalyseurs, dimensions et conséquences de la faim et malnutrition dans le monde. 

Le besoin d’un tableau complet 

Depuis 2000 et le développement des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD), le suivi et la production de données sont devenus des outils de plus en plus importants pour appuyer mesures et interventions politiques. En ce qui concerne la faim, les mesures et méthodes de calcul du nombre de personnes souffrant de la faim et de malnutrition dans le monde ne prennent souvent pas en considération ses multiples dimensions, causes et conséquences.

Ces systèmes de suivi – qui se basent principalement sur des mesures quantitatives, relatives notamment aux apports caloriques, aux revenus ou aux dépenses liées à l'alimentation –prennent  rarement en compte les problématiques de discrimination liées au statut socio-économique, au genre et à l’ethnicité, à la dépossession, aux structures de propriété et d’accès à la terre, au travail et au capital, ainsi que les évaluations plus qualitatives liées au bien-être et aux capacités humaines. De plus, les personnes affectées par l’insécurité alimentaire et nutritionnelle ont rarement voix au chapitre sur la définition des éléments et la méthode de suivi ainsi que les politiques qui en résultent. Autrement dit, bien qu’ils recueillent des informations intéressantes et utiles, les systèmes dominants de suivi ignorent certains aspects essentiels pour garantir des solutions adéquates.

L'adoption formelle du Programme de développement durable à l’horizon 2030 marque le début d'une nouvelle ère dans le développement des mécanismes de suivi. Tous les pays travaillent maintenant à la transposition des ODD – dont l’Objectif 2 « Éliminer la faim, assurer la sécurité alimentaire, améliorer la nutrition et promouvoir l’agriculture durable » – dans leurs contextes nationaux respectifs par le développement d’un plan d’action national. Cependant, le caractère volontaire de l’exercice, ainsi que la possibilité pour les gouvernements de choisir les indicateurs sur lesquels ils rendent des comptes, empêche un véritable exercice de suivi et responsabilité publique. Plutôt que d’assurer un engagement critique et la responsabilité publique envers ceux les plus touchés par les violations des droits humains, l’exercice est réduit à un partage des meilleures pratiques. 

Un suivi ancré dans les droits humains 

Afin de pallier aux lacunes des systèmes traditionnels et dominants de suivi, des groupes se mobilisent pour entreprendre un suivi à travers une approche ancrée dans les droits humains. Cette approche nécessite une analyse de l’insécurité alimentaire et nutritionnelle centrée autour du savoir et de la participation directe par les populations, notamment celles les plus affectées par ces problématiques. Ainsi, le Suivi populaire cherche à transcender la collection de données et participer à l’analyse de la mesure dans laquelle les États réalisent leurs obligations en matière de droits humains, ainsi que les problèmes qui violent ces droits.

Il importe de souligner que cet outil se penchera sur la question cruciale du contrôle social sur le système alimentaire, en particulier sur les ressources naturelles. Jusqu’à présent, cette question a été largement négligée, ce qui a eu tendance à créer des interférences et a conduit à des solutions basées sur le modèle industriel actuel de production qui alimente une économie mondiale intrinsèquement inégale.

L’initiative, qui fait encore ses premiers pas, se veut un effort collectif avec les mouvements sociaux et les organisations de base. Elle restera flexible dans son approche et sera testée, ajustée et affinée au fil du temps afin de refléter la réalité des situations sur le terrain.

Consultez Manifeste du suivi populaire pour le droit à l’alimentation et à la nutrition 

Pour toute question d’ordre médiatique ou demande de plus amples informations, veuillez contacter secretariat[at]righttofoodandnutrition.org